Génocide arménien : la tension monte entre la Turquie et la France

Le génocide arménien est au centre d’une grave crise entre Paris et Ankara. La cause ? La proposition de loi pénalisant la négation du génocide arménien, en dépit de voix discordantes et des menaces de la Turquie.

Présenté par une députée du parti présidentiel, le texte contesté prévoit un an de prison et 45.000 euros d’amende en cas de négation d’un génocide reconnu par la loi.

Ces derniers jours, Ankara a accusé le gouvernement français de vouloir, avec cette loi, récupérer lors de la présidentielle de 2012 le vote de quelque 500.000 « Arméniens de France ». « Le texte sera adopté sans difficultés« , a estimé le patron des députés de la majorité UMP Christian Jacob. La colère d’Ankara et les tentatives d’hommes d’affaires et de parlementaires turcs venus à Paris pour tenter de convaincre la classe politique et l’opinion publique de l’inanité du projet n’y ont rien fait.

Si elle reconnaît que jusqu’à 500.000 personnes sont mortes au cours de cette période, la Turquie considère qu’elles ont été les victimes des aléas de la Première Guerre mondiale et non d’un génocide. « Ce n’est pas une loi mémorielle, pas la reconnaissance d’un génocide, mais la répression de la négation de ce qui a été reconnu par la loi« , a fait valoir M. Jacob. « Nous avons voté une première loi qui était la reconnaissance par la France du génocide arménien« , voter la deuxième « c’est une forme de cohérence« , a-t-il ajouté.

Une proposition de loi similaire avait été présentée au Parlement en 2006 cette fois par des députés socialistes, entraînant les mêmes réactions furieuses de la Turquie. Mais elle avait été finalement enterrée.

La Turquie, qui accuse le président Nicolas Sarkozy de visées électoralistes avant la présidentielle du printemps 2012 (les Arméniens de France sont évalués à 500.000), a menacé la France de représailles diplomatiques, économiques et culturelles si la loi était adoptée.

« Ce qui explique aujourd’hui cette avancée, ce sont des considérations électorales et de période« , estime le politologue Stéphane Rozès, président de Cap (Conseils, analyses et perspectives). D’une part « les Arméniens français ont des relais importants« , d’autre part alors que « la France se rétracte sur la nation ces dernières années, c’est une façon de dire que la nation française est maître de définir la question des génocides et de la nécessaire répression par rapport au négationnisme« , dit-il.


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