Tunisie : terminus pour le parti de Ben Ali

Le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), c’est fini. A la demande des nouvelles autorités, la justice tunisienne a dissout ce mercredi le parti-Etat Ben-Ali, portant ainsi un coup définitif au système qui avait mis la Tunise en coupe réglée 23 ans durant.

« Le tribunal de 1ère instance de Tunis a décidé de dissoudre le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) et de liquider ses biens et ses fonds » : le jugement a été accueilli par une gigantesque explosion de joie dans la salle. Se mêlant à l’hymne national, les slogans ont immédiatement fusé : « RCD dégage! », « Tunisie libre! », « ô martyrs, nous poursuivons la lutte ». Une vaste foule se massait aux abords du bâtiment, où se mêlaient avocats en robe et jeunes drapés dans le drapeau tunisien.

A l’ouverture du procès, l’avocat du ministère, Me Faouzi Ben Mrad, avait réclamé « la dissolution du RCD et la saisie de ses biens à l’intérieur et à l’extérieur du pays, qu’il avait acquis en spoliant l’argent du peuple ».  Une semaine plus tard, la Tunisie se trouve débarrassée du tentaculaire RCD, qui avait des ramifications dans tout le pays et toutes les entreprises. Au temps de sa splendeur, le parti revendiquait plus de deux millions d’adhérents pour une population totale de 10 millions de personnes.

Depuis la fuite du président le 14 janvier, les Tunisiens n’avaient cessé de manifester pour réclamer la dissolution RDC. Son imposant siège, situé au coeur de Tunis, avait d’ailleurs été l’une des premières cibles symboliques de la révolution tunisienne. Six jours à peine après la chute du régime, le gouvernement transitoire de Mohammed Ghannouchi annonçait le 20 janvier que l’Etat allait prendre possession des « biens mobiliers et immobiliers » du RCD et procéder à la séparation de l’Etat et du RCD. Le 6 février suivant, le RCD s’était vu suspendu indéfiniment.

Le RCD avait été fondé le 27 février 1988 par Zine El Abidine Ben Ali sur  les restes du Néo-Destour, parti qui avait conduit le pays à l’indépendance sous la houlette du président Habib Bourguiba. Membre de l’Internationale socialiste depuis 1989, le RCD en a été exclu le 17 janvier à la demande des socialistes français.

Parallèlement, un autre pan essentiel du système Ben-Ali est tombé cette semaine: le ministère de l’Intérieur a annoncé lundi la suppression de la redoutable direction de la sûreté de l’Etat et « toute forme d’organisation s’apparentant à la police politique ».


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