Le sport, entre grandeur et décadence

Dimanche soir, la flamme olympique s’est éteinte sur Vancouver, après deux semaines de compétition pendant lesquelles les meilleurs athlètes du monde se sont affrontés dans une atmosphère joyeuse de fair-play où larmes et sourire, joie et déceptions se sont partagés l’affiche avec la neige canadienne, toujours pour la gloire du sport. Dimanche, vers 19h30, alors qu’il sortait d’un bar avant d’aller rejoindre les tribunes pour assister au match PSG/OM, un supporter appartenant au kop Boulogne, qui était bien décidé à en découdre avec ceux qu’il considère comme ses ennemis, s’est fait agresser et rouer de coups en retour par d’autres supporters parisiens, appartenant eux au groupe Auteuil. L’homme de 38 ans a été gravement blessé, et hospitalisé d’urgence. Qu’il ait eu des intentions peu louables et qu’il ait lui-même cherché la bagarre ne change rien. Le résultat est le même : coups, insultes, racisme. Où est donc passé le sport? A la fin du match, après la déroute du PSG, les habituels mais non moins effrayants affrontements ont encore une fois opposé la police à des centaines de supporters déchaînés et rageurs. Les gaz lacrymogènes ont à nouveau entaché l’air d’un parfum de dégoût. Dégoût de ce sport, pourtant si populaire et qui peut être un si beau facteur de cohésion, mais qui tourne à la violence et au pathétique. Il y a quelque chose de pourri au royaume du football.

Le sport, Vancouver l’a montré de la plus belle des manières, peut être grand, il peut être beau. Le sport a ce petit grain de folie, cette volonté de victoire et cette cohésion autour d’un pays et d’une équipe qui grisent et qui rassemblent. Le sport a le don très particulier, et qui étonne toujours, de passionner les foules, de soulever des émotions uniques. Chaque grand événement sportif soulève l’adhésion de tout un pays pour son équipe nationale. On se souvient de l’image renversante des Champs-Elysées en 1998, métamorphosés par la victoire et envahis par des supporters ivres de bonheur, ivres de fierté, ivres de fraternité. On se souvient du déferlement de drapeaux tricolores, des coups de klaxons, des chants entonnés par un million de personnes, réunies autour d’une seule joie : la victoire de l’équipe de France. Mais le football ne cesse de ternir cette belle image qu’il peut pourtant si bien offrir. Les bagarres et les insultes ont remplacé l’amour du sport. En lieu et place d’encouragements, la Marseillaise est à présent sifflée. Pire, les scandales de violences entre groupes de supporters défrayent la chronique à un rythme effrayant. En septembre dernier, le deuil a recouvert le football européen d’une chappe de plomb, après qu’un supporter toulousain est mort sous les coups de soit-disants amateurs de football, des hooligans violents et xénophobes.

Que le sport est laid quand il laisse s’inviter dans ses stades la haine et la violence.

Que le sport est beau quand il célèbre la flamme olympique, la fraternité, la joie de participer, les performances d’athlètes. Clint Eastwood l’a montré dans son superbe film, Invictus. Le sport est fédérateur, il peut aller au-delà des clivages racistes et sociaux. Mais il peut aussi s’abaisser à de viles pulsions qui s’emparent d’une minorité – minorité qui semble malheureusement grossir – d’hommes dictant leurs lois dans des stades où supporter son club signifie pour certains haïr l’adversaire, lui taper dessus et l’insulter.

La semaine aurait pu se finir sur la jolie photo de la flamme olympique quittant Vancouver. Le sport en serait sorti grandi. Mais le masque de la honte qu’a porté le football dimanche a sali les sourires en or des champions olympiques. Dommage.


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