La cause des handicapés deviendrait-elle tendance ?

Trois évènements n’ayant en apparence aucun lien. Pourtant, un point commun les réunit. A vous de le trouver.

1 – Pasqual Duquenne, l’acteur trisomique du Huitième Jour, tourne une pub pour un opérateur de téléphonie mobile et crée la polémique, fin janvier.

2 – Le chanteur à succès, Gilbert Montagné, est bombardé Secrétaire national au handicap, le 3 mars dernier.

3 – Le comique Jamel Debbouze honore la campagne publicitaire de l’Agefiph (Association de Gestion des Fonds pour l’Insertion des Personnes Handicapées) de son humour décapant et accepte de montrer son handicap (chose qu’il n’a jamais voulu faire jusque-là) !

…Décidément, il y a comme un vent people qui souffle sur la cause des handicapés.

Et pourtant, courant mars se tenait la Semaine nationale des personnes handicapées, le rendez-vous annuel orchestré par l’Association des Paralysés de France (APF). Un événement sans commune mesure avec la médiatisation que connaît le Téléthon. Et c’est peu cas de le dire. La mobilisation était très peu relayée dans les grands médias : pas une ligne dans la presse écrite traditionnelle, rien sur Internet et un sujet sur la difficulté d’être un enfant handicapé en France, dans Envoyé Spécial. C’est dire s’il est difficile d’informer sur la condition des handicapés aujourd’hui en France….sauf quand ces derniers brillent aux Jeux Paralympiques.


Retour à la case départ ?
Le 10 juin dernier, le président de la République prenait les choses à bras le corps. Il annonçait la création de 50 000 places d’accueil, la refonte de l’Allocation pour Adulte Handicapé (AAH), le « Pacte pour l’emploi » et la tolérance zéro pour le non respect du taux de travailleurs handicapés dans les entreprises de plus de 20 salariés. « C’est un scandale que des familles soient obligées d’aller trouver des places d’accueil en Belgique », dénonçait-il, répondant ainsi à la mobilisation record des handicapés (30 000 manifestants), qui, un mois auparavant, convergeaient de toute la France vers la Place de la République, pour réclamer un « revenu d’existence décent » (au lieu des 628 euros par mois). Un an après, la députée du Nord, Cécile Gallez, remettait un rapport sur la situation des personnes handicapées contraintes à l’exil en Belgique, faute de structures adaptées dans l’Hexagone…

Le problème névralgique : la formation des handicapés

Si la cause des handicapés est une impasse, c’est clairement pour des raisons techniques qui ne devraient pas avoir lieu d’être dans un pays dit développé telle que la France. En cause : le manque d’équipement matériel et humain pour permettre le déplacement et l’accueil des personnes handicapées dans les enceintes de l’Education Nationale et en entreprise. Et qui dit manque d’équipement , dit impossibilité d’accueil des personnes à mobilité réduite et donc faible taux de formation et de qualification parmi les handicapés. En 2004, seulement 12% des personnes handicapées avaient un diplôme de l’enseignement supérieur ! Si bien qu’un grand nombre d’entreprises ne parviennent pas à respecter l’obligation légale d’emploi de salariés handicapés à hauteur de 6% de leurs effectifs. Et ce n’est pas faute d’y mettre les moyens. Ainsi, l’effort des pouvoirs publics en direction du handicap aurait augmenté de 6 milliards en quatre ans et sa part dans le PIB reviendrait à 1,9% ! 1,9% du PIB et tant de progrès à accomplir…Alors on se dit : si ça n’avance pas par le haut, il faut s’y mettre en bas. Et le buzz médiatique créé par nos trois people rattrape à lui seul tout le retard accumulé dans la sensibilisation à la cause des handicapés.


« »

© 2024 Planete Campus. Tous droits réservés