Alcool, drogue et rock n' roll

Mercredi 4 février sortait Lol, un film générationnel, qui s'inscrit dans la droite lignée de La Boum, en sondant l'esprit des jeunes. La même semaine étaient rendues publiques deux enquêtes sur la santé des jeunes : l'enquête Espad (European School Survey on Alcohol and Other Drugs), menée tous les quatre ans dans plus de trente-cinq pays auprès des jeunes de 16 ans, et l'enquête SMEREP/IPSOS sur la santé des jeunes. L'occasion de percer le mystère de l'humanité : les djeun's.

A 16 ans, les jeunes préfèrent trinquer plutôt que fumer

En 2007, à 16 ans, seulement un adolescent sur onze déclare n'avoir jamais pris ni alcool, ni tabac ni cannabis au cours de sa vie et près d'un tiers disent avoir déjà consommé les trois au cours de leur vie. Des chiffres à effrayer plus d'un parent. Pourtant, les résultats de cette enquête montrent un net progrès. En effet, la proportion de jeunes à fumer du tabac quotidiennement a fortement diminué, en passant de 31% en 1999 à 17% en  2007. La même tendance est à noter pour la consommation de cannabis (6,1% à 3,4%). Et les chiffres restent à peu près stables pour l'ivresse. « Il faut arrêter de dire que tous les jeunes sont des binge drinkers« , déclare Marie Choquet (INSERM).

 

Pour son enquête, la SMEREP innovait cette année, en donnant la parole aux jeunes. Quarante ont été interrogés pendant 1h30 sur tous les sujets touchant à la santé et se sont livrés sans tabou. Nous vous retranscrivons la synthèse des entretiens de quatre d'entre eux : Aurélie, Caroline, Eloi et Gaël.

 

Aurélie
Aurélie a 22 ans et elle reconnaît ne pas assez prendre soin d'elle. « Manger correctement, (…) ça prend du temps », argue-t-telle. Plus jeune, elle a multiplié les relations d'un soir, souvent sous l'effet de l'alcool. « En IUT, il y avait une fête tous les soirs et tout le monde buvait. Si tu n'allais pas aux soirées, tu t'isolais du groupe. Pour ma part, quand je buvais, j'allais plus vers les mecs, j'osais plus. Ca me décoinçait sexuellement. En revanche, je n'utilisais pas le préservatif de manière systématique. Je prenais la pilule du lendemain ». Aurélie continue à boire, mais de manière occasionnelle. « Le samedi soir, c'est beuverie générale. On libère une énergie, parce que toute la semaine on a encaissé du stress et beaucoup de travail ».

Caroline

Caroline a 17 ans et elle fait attention à sa santé, en ne buvant pas et en ne fumant pas. « Pour être en bonne santé, il faut une bonne vie sociale et une bonne hygiène de vie. Plus jeune, j'ai fait des bêtises comme chercher des histoires, ne pas travailler, essayer de fumer comme les autres, de boire comme eux, de dépasser les limites. Pas mettre des préservatifs, je l'ai déjà fait. La pilule du lendemain, je l'ai prise beaucoup de fois. Je faisais n'importe quoi. Je ne pensais pas aux répercussions. C'était peace and love. » Mais tout cela appartient au passé. Aujourd'hui, ce qui la préoccupe particulièrement, c'est la dépression. Sa soeur en a souffert et elle trouve qu'on ne parle pas assez de cette maladie. « C'est encore un tabou, alors que ça ne devrait plus l'être. Il y a plein de personnes qui se renferment sur elles-mêmes, surtout des adolescents ».

 

Eloi
Eloi a 19 ans et il souhaite profiter pleinement de sa jeunesse. « J'ai trente-sept heures de cours par semaine. Alors le samedi, jusqu'à cinq heure du matin, je suis avec mes potes. Il y a de l'alcool, on fume, on boit, on s'amuse. L'argent que je gagne, il me sert à financer ces soirées, l'alcool, le shit, mais aussi les vacances ». Eloi sait qu'il ne fait pas assez de sport, mais il n'a pas le temps. Tout comme il sait que le sommeil est important, mais il fait quand même des nuits blanches. Eloi a arrêté de fumer, à cause de son asthme, et les alcools forts, car il oubliait ce qu'il avait fait la veille. Il fume à l'occasion et explique qu'il est très facile de trouver de la drogue. « Tout le monde en a. Ca dépend des quartiers, mais il suffit de se balader dans la rue, et voilà, on s'en fait proposer facilement ». L'ecstasy et l'héroïne, ce n'est pas pour lui. « J'ai trop entendu de sales histoires. Ca m'a stoppé direct ». Pour la cocaïne: « Ca circule beaucoup. Mais je n'ai pas eu l'occasion. Si ça se présentait, je me poserais la question ».

Gaël
Gaël a 23 ans et il se trouve trop mince. Il a donc commencé une activité sportive intensive (4h par semaine) et s'est mis aux protéines. Gaël n'a jamais pris de drogue et ça ne l'intéresse pas. « Je n'y touche pas. Mes copains non plus ». Mais il boit en soirée. L'objectif : repousser ses limites. Il avoue à ce sujet : « Deux soirées, j'ai pris ma voiture alors que je n'aurais pas dû la conduire. J'avais bu six verres. Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça. Je jouais mon permis ». En revanche, il déclare se protèger systématiquement. « J'ai vite été sensibilisé à ce problème là ».


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