Crime et châtiment adapté au théâtre

Aller voir un spectacle de quatre heures et trente minutes est toujours un pari risqué : et si c’est ennuyeux ? Et si les fauteuils sont trop bas ? Et s’il fait froid ? Bref, beaucoup de raisons de ne pas se rendre au théâtre surtout quand on doit voter en ce dimanche quatorze mars deux mille dix, ou, encore mieux, aller à la pêche.

Mais non, et sinon je n’écrirais pas cette critique dont le prologue est – avouez le – assez grotesque ; j’ai vu Crime et châtiment à la Cartoucherie que je vous invite à aller voir ou pas. Explications.

Au début je fus terriblement inquiet car la première scène manquait cruellement de rythme. Inquiet aussi d’ouïr des comédiens certes volontaires et plutôt à l’aise mais à la voix trop blanche, mise à mal par une diction scabreuse qui rend certains acteurs temporairement inaudibles. Inquiet enfin de voir qu’on avait donné assez grossièrement dans le fuchsia, le vert bouteille et un bleu suspect pour les lumières ; et des couleurs comme ça, très franchement moi ça me file la jaunisse à défaut d’avoir la nausée.

Et puis quand même on se laisse attendrir par ses personnages pauvres et malades. Et puis quand même on savoure ces moments de légèreté où passe un grand gaillard avec un orgue de barbarie, où meurt une misérable entourée de badauds. Le large plateau du théâtre de L’Epée de Boispermet à Nikson Pitaqaj, metteur en scène d’origine albanaise, d’imaginer une scénographie sobre et originale tout à fait réussie.

Raskolnikov, étudiant révolté, est le personnage central de la pièce (adaptation du fameux roman de Dostoïevski par Coralie Pradet – Porfiri dans la pièce – et Nikson Pitaqaj) autour de qui gravitent sa mère et sa sœur, ses camarades Rasoumikhine, Nastassia et l’horrible meurtre de deux vieilles femmes qu’il exécuta à la hache. Il culpabilise, est rongé par le remord, mais y décèle tout de même un acte vigoureux, napoléonien ! Craquera ? Craquera pas ?

Au dos de la plaquette du spectacle, on peut lire, T’es pas d’accord que des milliers de bonnes actions pourraient effacer un petit meurtre de rien du tout ? Une phrase qui sonne comme le célèbre aphorisme de Machiavel. Empreinte d’existentialisme, la tragique histoire de Raskolnikov est une profonde méditation sur l’homme, ses actes et leurs conséquences.

Une création de La Compagnie Libre d’Esprit en coréalisation avec le Théâtre de l’Epée de Bois. Salle I de ce même théâtre. Du 6 au 21 mars. Première partie, jeudi à 18h.
Deuxième partie, vendredi à 18h. Intégrales, samedi à 15h et dimanche à 18h. Réservation : 01 48 08 39 74.


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