Cali : retour aux sources.

Bruno Caliciuri, alias Cali, présente ses albums avec une régularité déconcertante : tous les deux –trois ans, un nouveau disque sort dans les bacs.

En 2010, le chanteur avait livré « La vie est une truite arc-en-ciel qui nage dans mon cœur », album clin d’œil à l’ensemble de sa discographie.

Deux ans plus tard, il revient avec « Vernet Les Bains », entre mélancolie et regards vers le futur…

« Mes albums sont des polaroïds de ma vie. »

Lorsque Bruno Caliciuri nous explique qu’il termine actuellement une tournée acoustique avec son pianiste Steve Nieve, la dimension diaphane et épurée de Vernet Les Bains prend tout son sens : « J’ai été influencé par la tournée que j’effectue en ce moment, une tournée piano-voix…La simplicité, le minimalisme permet de se recentrer sur l’essentiel.».
Car en écoutant le dernier album du chanteur perpignanais, la première impression qui s’en dégage est la simplicité, la clarté et la mise en valeur des textes.

Les phrases que Bruno chante, on aurait pu les retrouver dans un recueil de poésies contemporaines…Et il nous confirme cette impression : «Un jour je me suis amusé à lire les paroles de certains des titres de « Vernet Les Bains », et je me suis surpris à me dire que ça sonnait bien, que ça aurait pu être livré comme ça, sans musique. »

En tout cas, comme pour ces précédents disques, Vernet-les-Bains est représentatif d’une période vécue : « Tous mes albums sont en quelque sorte des polaroïds de ma vie. Le premier parlait d’une rupture, le second était lié à l’arrivée d’un enfant, le troisième était beaucoup plus symbolique d’un engagement politique. Le quatrième, c’était en quelque sort le moyen de réunir toute ma discographie, et le dernier, il est marqué par mon départ d’EMI, mon ancienne maison de disque, et mon arrivée au Cinq Sept (Wagram Music, ndlr). ».

Poète autant que chanteur, Bruno nous livre dans son dernier album des tranches de vie, des souvenirs, de la mélancolie et parfois de la douleur…
Le titre
Mes Vieux Cinglés parle de ce que peut ressentir un enfant lorsqu’il voit ses parents en venir aux mains. Le texte est dur, mais le perpignanais a déjà remarqué qu’en live, c’est l’un des titres sur lequel le public est le plus réceptif : « Bizarrement, en concert jusqu’à maintenant, c’est une chanson qui marque une rupture, sur laquelle les gens se réveillent. C’est frustrant, car ce n’est pas vraiment ce que j’ai voulu. » .

« Je regarde le futur avec plein de reliques dans mes poches. »

A la première écoute, Vernet Les Bains peut paraitre sombre et ombrageux…Dans sa discographie, assez peu de paroles joyeuses (le thème de la rupture amoureuse est présent dans tous ces opus), mais la musique sautillante et ensoleillée venait jusque –là contrebalancer les mots.

Ici, les notes, les tonalités, les refrains sont plus nuageux…mais pour le perpignanais tout est relatif : « C’est vrai qu’il y a des passages sombres, mais je pense qu’on peut tout prendre des deux côtés. La chanson sur la maladie par exemple… » .

Bruno fait allusion à Je rêve de voir l’été, un petit bijou d’espoir dans lequel il traite du cancer de l’une de ses amies. C’est étrangement – et comme nous le lui faisons remarquer – l’un de seuls titres du disque qui regarde vraiment vers l’avenir, et le plus solaire, ensoleillé de tous. Surpris, il réfléchit quelques instants : « J’avoue que je n’avais pas encore vu ça comme ça. Mais ce que vous dîtes est vraiCette chanson, c’est de toute façon quelque chose d’optimiste, tourné vers l’espoir… » .

A l’écoute de l’album et de ses thématiques, on ne peut s’empêcher de se demander si Cali, ce « show man poète », est un homme du passé ou du futur… Amusé, il prend quelques secondes pour nous livrer son auto-psychanalyse : « Homme du futur ou du passé.. .En vérité, je regarde le futur avec dans mes poches pleins de reliques. J’ai par exemple avec moi Ferré, le Beethoven des temps modernes. Chez Ferré, il y a ce quelque chose qui perdurera dans le futur ! »

Un titre tel qu’Une femme se repose illustre très bien les paroles de Cali : il y parle d’une femme âgée dans un village catalan, qui incarne un pilier rassurant, regardant vers l’avenir… mais se rattachant aux nombreuses boussoles que sont ses souvenirs de ceux qui sont partis avant elle…

« Les fêlures ont quelques chose de rassurant.»

Alors Cali, chanteur torturé ? A n’en pas douter, il l’est toujours ! Ecoutez donc ses paroles sur la rupture amoureuse, dans Amour m’a tuer ou Venez me chercher… Et lorsqu’on lui parle de cette thématique, le chanteur sourit : « Ma vie est faite de ruptures…Et en fait, j’adore les ruptures ». Et d’ajouter, sérieux : « Vous savez les chanteurs qui se donnent un côté tout lisse, il faut s’en méfier, on a tous des fêlures. Je suis par exemple très touché par Michel Delpech…Les fêlures, ça a un côté rassurant. Il ne faut pas donner d’image trop consensuelle. ».

A tel point que lorsqu’on lui demande s’il aimerait à l’avenir toucher à un autre style musical que celui sur lequel il a bâti sa carrière, il n’hésite pas : « Ce que j’aimerais bien, c’est aller dans le monde du Hip-Hop, et pourquoi pas collaborer sur des choses très fraîches… » .

L’éclectisme, mot d’ordre pour le futur musical de Cali ? Il fait en tout cas déjà parti de ces musiciens qui s’imprègnent de tous les genres pour pouvoir composer : « Il faut écouter beaucoup de choses… Par exemple, j’écoute Beethoven, mais aussi Deus, Dominique A, Miossec… »

Il a d’ailleurs choisi d’inviter ses amis sur le dernier titre de l’album, Happy End, un ovni musical en forme d’éclaircie après l’orage : On y retrouve Bénabar, Miossec, Rachida Brakni, Mathias Malzieu (Dionysos) ou encore DominiqueA et Diastème. « C’est assez amusant en fait, ce sont plein d’amis chanteurs qui viennent me faire la morale sur ma façon de traiter les choses. C’est un super contre-pied, surtout venant de quelqu’un comme Miossec. Franchement, ça m’a fait bien rire ! »

 

Vernet Les Bains, dans les bacs depuis le 26 novembre 2012.

En concert le 25 février au Casino de Paris .

Fin de la tournée acoustique : Noël 2012. Début de la Tournée Vernet-les-bains en janvier 2013.

 

 


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