L’outre-monde Soulages

Le Centre Georges Pompidou offre ses blanches cimaises à l’artiste aux toiles noires Pierre Soulages, intitulant sobrement l’exposition « Soulages » (car il n’est pas besoin d’en dire plus). Artiste français vivant le plus connu au monde, ce peintre est réputé pour ses tableaux monumentaux noirs mettant en exergue la lumière. Investissant depuis 60 ans le champ de l’abstraction, il souligne l’essence même de la peinture qui est matière réfléchissante de la lumière avant toute autre chose.

« C’est ce que je fais qui m’apprends ce que je cherche » (Pierre Soulages)

La lumière comme espace
Première période. 1940-1970. Des masses gigantesques, fauves et noires, s’affrontent. De ténébreuses coulées recouvrent des lumières rousses. De ce choc naissent des fulgurances lumineuses que révèle la densité d’un noir profond.
Cette période picturale de Pierre Soulages, assez méconnue du public, surprend par sa vivacité. Des tableaux monumentaux exposent une matière épaisse, toutes en lignes droites, qui fend l’espace en le structurant violemment en calligraphies aléatoires. Une impression de force primitive se dégage de ces toiles.
Sur les murs, un monde magmatique est en mouvement, un monde de brutalité chromatique. Il ne faut pas observer ces masses de trop près. Mieux vaut les laisser nous étreindre, nous environner de leur densité grondante.

La lumière comme choc
Deuxième période. L’outrenoir. Cette idée, définie par Pierre Soulages comme « au-delà du noir une lumière transmutée par le noir », fit florès. Toiles immenses qui n’ont de noir que le nom, ces peintures présentent en réalité une surface changeante. Striées, lacérées, rayées, toutes en aspérités, elles permettent à la lumière de venir heurter leur surface en variations lumineuses infinies. Mate, iridescente, scintillante, blanche, dorée, franche ou diffuse, la lumière miroite sur cette toile cicatricielle.

L’outrenoir : la radicalisation
L’outrenoir sacre la peinture comme ouverture. Jamais close sur elle-même, jamais pure et définitive, elle est toujours potentialité d’avènement de la lumière.
Une exposition « phare »…car il n’y est question que de lumière.

Soulages
Centre Georges Pompidou
Place Georges Pompidou
Métro : Hôtel de ville, Rambuteau
Ouvert tous les jours de 11h à 21h, sauf le mardi
Tarif : 8 à 9 euros selon les périodes (moins de 25 ans, étudiants des écoles d’art françaises, étudiants des écoles et conservatoires nationaux de théâtre, danse et musique français)

Crédits photo : Pierre Soulages
Goudron sur verre 45.5 x 76.5 cm,
1948
Collection particulière
Archives Pierre Soulages, Paris
(photo DR)
© Adagp, Paris 2009


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