La Suède mise sur le porno féministe

L’oeuvre Dirty Diaries est sortie ce mois-ci en Suède. Il s’agit de douze courts métrages, tous réalisés par des femmes, visant à bousculer les codes du X. Le tout dans une démarche féministe.

 

« Je me suis rendu compte que j’étais devenue victime de mon opposition. Je m’interdisais le porno, alors que je voulais voir des films, mais faits autrement. » Mia Engberg est à l’origine du projet, Dirty Diaries. C’est elle qui a trouvé douze réalisatrices prêtes à revisiter le cinéma pornographique avec un regard féminin. Le regard des dames tend ainsi à éloigner ces courts-métrages des habituels clichés de l’actrice-objet – limite bout de viande – ne servant qu’à mettre en valeur les acteurs mâles. Las de cette idéologie machiste, Mia Engberg a donc voulu montrer une autre facette du X. Carte blanche pour chacune des réalisatrices. Deux seules obligations, le film dure moins de 15 minutes et doit être tourné avec la caméra d’un téléphone portable. Pour le reste, aucune contrainte mais une volonté commune de montrer un autre visage de la femme dans le porno. 

Le DVD a ainsi été mis en vente ce mois-ci, accompagné d’un manifeste. L’ouvrage littéraire encourage les femmes à prendre plus de temps pour explorer leurs désirs sexuels plutôt qu’à tenter de rentrer dans les standards de beauté imposés par l’industrie de la mode. 

 

Un homme-sex toy

Le résultat est plutôt sympathique et en tout cas très éclectique. Dildoman est par exemple un film d’animation pornographique. On y voit deux femmes s’amuser avec un homme transformé en sex toy pour l’occasion. Mais les dominatrices vont un peu loin et cassent leur jouet-humain. C’est conceptuel mais bien fait. Autre originalité de l’oeuvre: Flasher Girl on a Tour. Tourné à Paris par Joanna Rytel, l’histoire suit l’héroïne lors d’une visite de la capitale agrémentée de pauses-masturbations. Sur le quai d’un métro, au café, en public, sur un balcon… tous les endroits sont bons pour s’adonner au plaisir solitaire! Ca peut choquer mais le but est avant tout politique: « je veux retirer le brevet de l’exhibitionnisme aux hommes et libérer les femmes, en montrant qu’elles n’ont pas à se cantonner dans des rôles de filles gentilles et bien éduquées.», explique ainsi la réalisatrice. 

Devant certaines critiques, l’Institut suédois du film a défendu son aide de 35 000 euros. Le projet de Mia Engberg s’inscrit, selon l’Institut, dans une démarche artistique et dans la réflexion sur l’égalité des sexes.

 


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