Bernanos au théâtre

Maxime d’Aboville nous offre une adaptation intelligente et saisissante du très beau livre de George Bernanos, Journal d’un curé de campagne.

Au milieu de la nuit, face contre terre et les bras en croix, un jeune prêtre devient le réceptacle de la volonté divine. C’est le récit de ce pauvre homme dont le sacerdoce s’attache à sauver des âmes désespérées et à apaiser leurs souffrances comme on applique un baume. Dans le petit village d’Ambricourt le jeune prêtre se dit à lui-même : les moines souffrent pour les âmes. Nous nous souffrons par elles. Bernanos fait de ce jeune prêtre, maladroit et insignifiant, un homme exceptionnel au service des plus faibles (un saint chez les catholiques).

La vertu de ce singulier récit est de montrer à quel point un homme est capable de grandes choses quand il aime. C’est une histoire qui n’est pas réservée aux seuls croyants, elle s’adresse à tous les hommes qui s’interrogent sur le malheur et l’injustice.

Maxime d’Aboville – nominé aux Molières 2010, catégorie Révélation théâtrale masculine – a puisé dans le texte de Bernanos pour transposer la force du récit et sa poésie, lui donner une dimension dramaturgique nouvelle (voir aussi le très beau film de Robert Bresson). Maxime d’Aboville est un grand comédien à la diction parfaite. Il mâche les mots avec des intonations inimitables, quelque chose de Luchini – lui aussi ancien élève de Jean-Laurent Cochet. On écoute cet artiste, simple et profond, jamais cabot. On sent combien l’acteur est imprégné du récit, lui est fidèle.

Ce spectacle est un pari audacieux et une réussite. Vous ne le verrez plus au théâtre des Mathurins mais à Avignon cet été.


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