Hitler utilisé dans une campagne anti-avortement

Une énorme affiche publicitaire représentant un portrait d’Hitler en noir et blanc aux côtés de foetus déchiquetés en sang fait polémique en Pologne. Cette publicité choquante est l’oeuvre d’une association radicale anti-avortement.

Les habitant de Poznan, dans l’ouest du pays, ne peuvent pas rater l’énorme affiche installée à un grand carrefour de la ville, et s’étalant sur environ 200 m2. En clamant « L’avortement pour femmes polonaises a été introduit par Adolf Hitler, le 9 mars 1943« , la publicité condamne clairement l’interruption volontaire de grossesse (IVG), en l’associant à une loi promulguée par le dictateur allemand. Lorsqu’Hitler terrorisait l’Europe, il avait en effet mis en place un loi qui permettait l’avortement aux femmes appartenant à des « ethnies » considérées comme inférieures par les nazis, et ne faisant pas partie de la race aryenne dont se prévalait Hitler. L’IVG était ainsi interdite aux Allemandes qui pouvaient mettre au monde un parfait petit aryen selon les critères du régime totalitaire.

L’association à l’origine de cette publicité douteuse se défend en faisant prévaloir que, dans la situation actuelle, la manière forte est la seule solution. Un responsable de l’association a ainsi déclaré : « Dans la lutte contre l’avortement, les méthodes douces n’ont plus aucun effet. Pour nous opposer à l’avortement, nous n’avons plus le choix« .

Une campagne « choc » de cette envergure pourrait éventuellement s’expliquer (mais pas se justifier) si les lois favorisant l’IVG étaient trop laxistes ou considérées comme dangereuses pour la fécondité. Mais il n’en est rien. La législation anti-avortement est en effet très restrictive dans ce pays très catholique d’Europe de l’est. L’IVG ne peut se pratiquer qu’en cas de viol, d’inceste et de danger pour la vie ou la santé de la mère, ou de malformation irréversible du foetus. Mais selon les statistiques officielles, les avortements légaux ne représentent qu’une infime part des quelque 180 000 avortements pratiqués tous les ans en Pologne. La très grande majorité des IVG se fait clandestinement. (source AFP)

Mais de là à associer la pratique de l’avortement au régime sanglant du dictateur nazi, il y a quand même une marge que les associations anti-avortement, nous semble-t-il, n’auraient pas dû franchir. Des images aussi choquantes que celles de ces foetus ensanglantés et déchiquetés ne devraient pas être acceptées en toute impunité, surtout pour une pratique autorisée par la loi dans une certaine mesure. Aussi convaincue soit-elle par le bien fondé de ses valeurs et de ses convictions, cette association est allée trop loin dans sa volonté de marquer les esprits et de sensibiliser la population à sa cause. Et cela est regrettable. Une cause, aussi juste soit-elle et ce n’est pas forcément le cas ici, ne doit pas pour autant justifier tous les excès.

Pour voir l’affiche, cliquez ici


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