Tchad : l’ancien président arrêté après 22 ans d’exil

L’ancien président du Tchad Hissène Habré a été arrêté à Dakar après 22 ans d’exil, pour crime contre l’humanité. 

Hissène Habré, président du Tchad de 1982 à 1990, a été arrêté dimanche à Dakar où il y vivait depuis 22 ans en exil. La justice sénégalaise souhaite le juger le plus rapidement possible avec des années d’impunité.
« Hissène Habré a été placé en garde à vue dans le cadre de l’instruction », a affirmé à l’AFP un responsable du parquet des Chambres africaines extraordinaires, le tribunal spécial chargé de juger Hissène Habré. « On a demandé son arrestation dans le cadre de l’instruction et le dossier sera soumis aux juges d’instruction pour un réquisitoire ».

L’ex président se trouvait, dimanche après-midi dans les locaux de la division des investigations judiciaire à Dakar. L’un des avocats de Habré, Me Hadji Diouf dénonce une arrestation en urgence et trouve cela « inacceptable. Habré a des droits qui ont toujours été violés ». Parler de droits violés quand on sait que l’ex-président était un dictateur redoutable, dont le règne avait été marqué par une répression sanglante. Les opposants étaient arrêtés par la Direction de la documentation et de la sécurité (la police politique), torturés et exécutés.
D’ailleurs une commission d’enquête a estimé à plus de 40 000 le nombre de personnes mortes en détention ou exécutées en huit ans.

Dans un communiqué, deux autres avocats de Hissène Habré, Mes Ibrahima Diawara et François Serres, ont présenté cette arrestation comme un « enlèvement illégal » et ont exigé sa « libération immédiate ».

En revanche, l’avocat américain Reed Brody, porte-parole de l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Right Watch (HRW), se réjouit de cette nouvelle. Pour lui, il s’agit d’une « étape majeure de la longue campagne pour le traduire en justice ». « Après 22 ans, les victimes de Habré peuvent enfin entrevoir la lumière au bout du tunnel » a-t-il affirmé.

En 2005, après quatre années d’enquête, un juge belge avait inculpé Hissène Habré et la Belgique avait demandé à Dakar son extradition. Puis, en juillet 2006, le Sénégal avait été mandaté par l’Union africaine (UA) pour juger Habré, « au nom de l’Afrique », pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et actes de torture.

Mais, sous la présidence d’Abdoulaye Wade (2000-2012), le procès avait sans cesse été retardé, le pouvoir invoquant notamment un manque de moyens.

 


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