Pilule : la « panique à la pilule » entraîne une hausse des IVG

Un vent de panique souffle sur de nombreuses femmes depuis l’explosion du scandale des pilules contraceptives dites de 3e Génération accusées de doubler les risques de thrombose veineuse par rapport à leurs aînées de 2e Génération. Et les professionnels de la Gynécologie-Obstétrique, comme ceux du Planning familial, n’entrevoient aucune accalmie… A contrario, ils annoncent – et observent même – une hausse des demandes d’avortement, provoquée par les arrêts intempestifs de pilule. La France sombrera-t-elle dans la « pill scare », cette phobie de la pilule qui fît exploser le taux d’IVG en Grande-Bretagne au milieu des années 90 ?

Le 14 décembre 2012, Marion Larat, jeune femme victime d’un AVC (accident vasculaire cérébral), imputé à la pilule contraceptive de 3e Génération, Meliane, portait plainte contre le laboratoire pharmaceutique Bayer. Deux mois plus tard, le scandale des pilules dites de 3e et 4e Génération (Mercilon, Cycleane, Jasminelle, l’anti-acnéique Diane 35,…) a pris de l’ampleur, les victimes avérées ou présumées se sont pressées aux portes des tribunaux ou des plateaux télévisés, les plaintes se sont multipliées et le vent de panique s’est muée en tempête…

… Incitant la ministre de la Santé, MarisoleTouraine, à prendre des mesures drastiques à l’encontre des pilules incriminées : la prohibition de l’anti-acnéique Diane 35 et le déremboursement de l’ensemble des pilules de 3e et 4e Génération qui, initialement prévu pour septembre 2013, a été avancé au mois de mars. Au lieu de rassurer les femmes concernées, en les informant des risques, décuplés par rapport aux pilules de 1re et 2e Génération, mais minimes, de thrombose veineuse (formation d’un caillot dans une veine pouvant entraîner un AVC) et d’embolie pulmonaire, le Gouvernement socialiste semble donc amplifier la phobie de la pilule.

Conséquence : plusieurs médecins observent – ou prophétisent – une escalade des demandes d’IVG (Interruption volontaire de grossesse) provoquée par les arrêts intempestifs de pilules contraceptives. La France est-t-elle en train de sombrer dans la « pill scare » (la peur de la pilule) ? En 1995, les toutes premières critiques contre les pilules de 3e Génération, auraient occasionné un pic d’avortements en Grande-Bretagne. C’est possible.

S’il est encore trop tôt pour recueillir des données solides, certains professionnels de la Gynécologie-Obstétrique constatent une relative hausse des demandes d’IVG. C’est le cas du docteur Lacombe, qui exerce au CHU de Lille. « Nous avons déjà des interruptions volontaires de grossesse pour arrêt intempestif de pilule. Dans mon service, nous sommes bookés au niveau des consultations, alors que d’habitude, nous n’avons pas de délai d’attente », explique-t-elle ce matin au micro de France-Inter.

Un témoignage que vient corroborer celui de Marie-Pierre Martinet, secrétaire générale du Planning familial : « Nous voyons biens, tant dans nos permanences qu’au téléphone, que de nombreuses femmes arrivent en ayant arrêté toute contraception, par peur des problèmes que pouvait poser la leur (…). On a un désarroi, une inquiétude, et pas de réponse encore. »

A contre-courant, d’autres professionnels de la santé tentent de relativiser l’impact de la « panique à la pilule », qui ne serait qu’un moyen pour les médecins incriminés de se défendre en déplaçant les craintes de l’opinion des risques inhérents aux pilules de 3e et 4e Génération à ceux de leur brusque interruption. Pour la Formindep, association pour une information médicale indépendante, « ceux qui parlent d’une hausse des IVG ne font que se défendre après leur mise en cause ».

Ainsi, l’illustre chef du service de Gynécologie-Obstétrique de l’hôpital de Strasbourg, Israël Nisand, qui expliquait que les femmes subiraient les conséquences de la mise au ban des « nouvelles » pilules, a été accusé de conflits d’intérêt avec les laboratoires pharmaceutiques fabriquant ces mêmes pilules. Même chose pour le docteur Laveissière, qui racontait mi-janvier au micro de France-Inter : « Nous voyons les taux d’IVG monter dans mon service de façon faramineuse depuis un mois, c’est tragique. »  Dix ans plus tôt, elle vantait les mérites « diététiques » de la pilule de 3e Génération Jasmine, qui devait « permettre aux femmes de moins grossir ».

Le scandale des pilules donnera-t-il lieu à l’explosion du taux des IVG ? Aucun chiffre n’est là pour le prouver. Dans le doute, la ministre de la Santé, Marisole Touraine, a annoncé une campagne d’information sur la contraception, dont les prémices pourraient être dévoilées lors de la Journée de la Femme le 8 mars prochain.


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