Salles de shoot : la France, futur paradis des toxicomanes ?

Fin novembre, la ministre de la Famille, Marisol Touraine, l’avait promis : la France expérimentera les salles de shoot dans le courant de l’année 2013. Ce mardi, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, l’a redit. Sans pour autant préciser ni l’emplacement ni le calendrier du projet. En rendant licite la consommation de drogue dans ces espaces, la France ne risque-t-elle pas de devenir le paradis des toxicomanes ? Pourra-t-elle au contraire les sauver de l’enfer de l’addiction ?

Ce mardi 5 février, le Premier ministre a confirmé que la France accueillera prochainement des salles de shoot expérimentales. L’une d’entre elle s’installera même dans le capitale, Paris. Selon Matignon, c’est la MILDT (Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et Toxicomanies) qui, en étroite collaboration avec le ministère de la Santé, orchestrera la mise en œuvre de l’expérience sanitaire. Quand ? Où ? Ces informations n’ont pour le moment pas été dévoilées. Mais, selon l’AFP, plusieurs villes (Paris, Marseille, Bordeaux, Toulouse, Strasbourg, Le Havre, etc.) seraient prête à se lancer dans la « merveilleuse » aventure des salles de shoot.

Ces infrastructures, qui sont actuellement illégales en France, permettraient aux toxicomanes de consommer librement leur poison. Exprimée ainsi, la mesure de Mme Touraine semble totalement immorale… Car en autorisant la libre consommation d’héroïne, de cocaïne, de crack, et j’en passe et des meilleurs, elle la banaliserait, voire l’encouragerait.

C’est la position de la droite républicaine qui, au moment de l’annonce du projet par la ministre de la Famille, s’était dressée contre la création des salles de shoot, prônant la prévention – ou plutôt la répression – de la toxicomanie plutôt que son encadrement. « Ouvrir des salles de consommation de drogue, ce n’est pas lutter contre le fléau de la drogue, c’est banaliser l’usage et c’est légaliser la consommation des drogues les plus dures et cela aux frais des contribuables ! », selon Camille Bedin, alors secrétaire nationale de l’UMP.

Un argumentaire que réfute la ministre socialiste. Pour Mme Touraine, ces locaux, qui existent dans plusieurs pays d’Europe (la Suisse, l’Allemagne, la Norvège, la Hollande, le Luxembourg, le Danemark) et d’ailleurs (les Etats-Unis, l’Australie, le Québec) permettraient aux toxicomanes « de rue », qui sont coupés de la société, de  consommer leurs propres produits dans de bonnes conditions d’hygiène et sous la supervision de personnels de santé. Indirectement, ces salles de consommation diminueraient même les troubles à l’ordre public en « assainissant » les friches industrielles, les parcs de stationnement, les stations de train ou de métro, les zones de transit, tous ces squats dans lesquels se rassemblent les toxicos.

Pour ses partisans, qui se basent sur l’expertise collective sur la réduction des risques de l’INSERM (2010), seules les salles de shoot permettent de sensibiliser un public précaire exclu du dispositif socio-sanitaire et de réduire en conséquence « les pratiques à risques de contaminations VIH et hépatite C » ainsi que « les risques d’overdose ».

Pour plus d’informations, consultez la tribune publiée par Jean-Pierre Couteron, président de la Fédération Addiction, et Pierre Chappard, coordinateur du Réseau Français de Réduction des risques, le 29 août 2012 dans L’Express.


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