L’Iran abandonnera-t-il son programme nucléaire ?

Depuis la Révolution de 1979, l’ambition nucléaire iranienne, d’abord stimulée par les Etats-Unis et l’Europe, fait trembler les puissances occidentales. Car celles-ci craignent de voir la République des Mollah, menée par le belliqueux chef d’Etat Mahmoud Ahmadinejad, se doter de l’arme nucléaire. Avortées en 2012, les négociations entre l’Iran et les grandes puissances du Groupe 5+1 pourraient reprendre mardi 26 février 2013 au Kazakhstan. Cette énième tentative accouchera-t-elle d’un accord ? Le Groupe 5+1 persuadera-il le leader iranien d’abandonner son programme nucléaire ?

Comment y croire ? Depuis des années, les rounds de tractations s’enchaînent, mais les deux partis – d’un côté la République islamique d’Iran et de l’autre les six puissances du Groupe 5+1 : Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie, Chine, Allemagne – continuent inlassablement de camper sur leurs positions. Il est donc temps de faire un pas – même timide – vers l’autre. Pourquoi pas le 26 février prochain au Kazakhstan ?

C’est ce jour que l’Iran rencontrera les six membres du Groupe 5+1 pour reprendre les négociations sur le nucléaire, suspendues durant plusieurs mois, selon un communiqué de Téhéran reproduit par la rédaction d’Irna. Information confirmée par le Conseil suprême de la sécurité nationale, l’institution placée aux manettes des tractations nucléaires : « Les négociations entre l’Iran et les 5+1 [Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie, Chine et Allemagne] auront lieu le 26 février [2013] au Kazakhstan ». « Ali Bagheri, l’adjoint du chef du Conseil suprême de la sécurité nationale, et Helga Schmid, l’adjointe de la chef de la diplomatie européenne [Catherine Ashton] se sont mis d’accord sur cela aujourd’hui [mardi] lors d’un entretien téléphonique », a-t-il poursuivi.

Une bonne nouvelle donc… Mais qui est passée par une série de petits couacs. Selon l’Union européenne, la réunion devait se tenir au mois de décembre, avant d’être décalée en janvier, puis le 25 février. Les négociations entre l’Iran et les pays du Groupe 5+1 se dérouleront finalement le 26 février prochain dans ce pays d’Asie centrale qu’est la République du Kazakhstan. Sauf si le calendrier diplomatique subit un nouveau remaniement.

Mais la vraie question ne se trouve pas là… La République des Mollah cèdera-t-elle aux pressions internationales en renonçant à ses ambitions nucléaires ? Pas sûr. Le dernier cycle de négociations, orchestré par la Russie en juin 2012, s’était soldé par un énième échec. L’Iran refusant d’abandonner son programme d’enrichissement de l’uranium soi-disant exclusivement orienté vers la production d’électricité.

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad visitant les installations de Natanz où l'on procède à l'enrichissement de l'uranium.© AFP PHOTO/HO

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad visitant les installations de Natanz où l’on procède à l’enrichissement de l’uranium.
© AFP PHOTO/HO

Mais la communauté internationale n’est pas dupe… Surtout depuis que les révélations de nouveaux sites nucléaires inconnus sur ses terres (l’installation d’enrichissement de l’uranium de Natanz, l’installation à l’eau lourde d’Arak, etc.) se sont succédées entre 2002 et 2006, et que les déclarations vaniteuses, voire belliqueuse du chef de l’Etat iranien, Mahmoud Ahmadinejad, se sont multipliées. Les puissances occidentales soupçonnent l’Iran de vouloir se doter de l’arme atomique et d’utiliser son programme nucléaire civil pour produire suffisamment d’uranium enrichi pour armer des missiles. Et leurs soupçons se sont illustrés dans une série de sanctions.

Avouons que les propos du président de la République islamique d’Iran sont loin d’être rassurants… Le 13 avril 2006, pour répondre à la Secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, qui voulait voir Téhéran abandonner son programme nucléaire, M. Ahmadinejad avait annoncé: « Notre réponse à ceux qui sont mécontents que l’Iran réussisse à maîtriser complètement le cycle du combustible nucléaire se résume en une seule phrase. Nous disons : soyez en colère contre nous et mourrez de cette colère (…). Nous ne discuterons avec personnes [concernant le] droit de la nation iranienne à enrichir de l’uranium ».

Encore mieux. Au printemps 2011, au moment des révolutions en Egypte et en Tunisie, il avait même mêlé menace et prophétie pour déclarer : le Proche-Orient sera « bientôt débarassé des Etats-Unis et d’Israël ».

Photo : le ministre iranien des Affaires étrangères Ali Akbar Saleh le 4 février 2013 à Berlin. AFP/Frederic Lafargue


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