Grippe A : la phase 6 serait atteinte

Alors que l'on commençait déjà à l'enterrer, la grippe A revient plus menaçante que jamais. Ainsi, la phase maximale serait déjà atteinte, mais l'Organisation Moniale de la Santé hésiterait à l'officialiser. Pourquoi donc tant de mystère ?

Que les choses soient claires. La phase six d'alerte pandémique ne signifie pas la fin du monde. Elle correspond au seuil maximal instauré pour la grippe aviaire, sa jumelle bien plus « virulente », et signifie que le virus n'est plus seulement transmis par les personnes de retour de voyage, mais également à l'intérieur même des populations. Pour qu'elle soit atteinte, il faut que deux continents fassent état de ces transmissions dites « secondaires ». Or, nous en sommes à trois continents depuis avant-hier. L'Amérique et l'Océanie (avec l'Australie), à quoi s'est ajoutée l'Europe, avec la France qui vient de signaler son premier cas de transmission secondaire.

A ce facteur de multiplication des transmissions secondaires viennent s'ajouter l'étendue et la vitesse de propagation. Ainsi, le virus touche tous les continents depuis hier. Et en déclarant son premier cas de virus, l'Egypte est venue confirmée la plus grande crainte quant à ce virus : comment les pays pauvres pourront-ils faire face ? Enfin, le virus connaît une vitesse de propagation affolante au Canada, où l'on dénombre 194 personnes contaminées en seulement quelques jours.

Si tous les facteurs sont réunis, alors on est en droit de se demander pourquoi l'Organisation Mondiale de la Santé ne lance pas le signal d'alarme et se contente seulement de déclarer : « Nou nous rapprochons de la phase six d'alerte pandémique maximale », dixit le Dr Fukuda, directeur général adjoint de l'OMS. Le Pr Sylvie Vand der Werf, directeur d'une unité de recherches à l'Institut Pasteur et du Centre national de référence pour la région Nord, donne un élément de réponse  au Figaro : « En effet, nous y sommes (phase 6). Sauf que ces niveaux d'alerte ont été définis dans l'optique d'une pandémie liée au virus H5N1 de la grippe aviaire, bien plus virulent. Alors que la pathogénicité de ce nouveau virus est pour l'instant modérée. Cela explique la temporisation de l'OMS sur ce sujet ».

Pour ce qui est de l'évolution que prendra le virus, le Pr Sylvie Van der Werf se veut rassurante mais réaliste. Le point positif : « Pour l'instant, le taux de décès est de l'ordre de un pour 1000 malades. Cela reste proche du taux de décès de la grippe saisonnière ». Et son contrepoint : « On sait que les virus grippaux mutent en permanence. Nous redoutons (…) notamment que le virus soit résistant au Tamiflu. Nous allons donc être conduit à vacciner tout le monde, au Nord, comme au Sud, dans les pays riches comme dans ceux en voie de développement ». Autrement dit, mission impossible.


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