Mali : la France reprendra-t-elle Tombouctou aux jihadistes ?

Ce lundi matin, les troupes franco-maliennes ont pris le contrôle de l’aéroport de Tombouctou, la ville historique du Nord-Mali, classée au patrimoine mondial de l’Unesco qui, depuis plus d’un an, est foulée au pied par les milices islamistes. C’est un tournant dans la Guerre au Mali… qui dément les prophéties des oiseaux de mauvais augure qui voyaient l’intervention de la France se transformer en funeste bourbier. Mais Tombouctou n’est pas encore libéré.

L’opération terrestre et aérienne menée dans la nuit du 27 au 28 janvier a permis aux soldats français et maliens de reprendre l’aéroport de Tombouctou, dans le Nord du Mali, ainsi que ses voies d’accès, aux milices islamistes. Selon le porte-parole de l’état-major des armées, le colonel Thierry Burkhard, la coalition franco-malienne contrôle désormais la « Boucle du Niger » entre les deux bastions jihadistes de Tombouctou et Gao, situés au nord-est de la capitale du Mali, Bamako.

Deux semaines après le déclenchement de l’opération « Serval », la prise de contrôle, réalisée en quarante-huit heures, marque un tournant dans la Guerre au Mali en brusquant son dénouement. Un soldat de l’armée malienne a voulu se montrer rassurant : « Nous contrôlons l’aéroport de Tombouctou. Nous n’avons rencontré aucune résistance. Il n’y a aucun problème de sécurité en ville ». La mosquée de Djinguereber se trouve désormais aux mains des forces alliées. Et des scènes de liesse populaire, qui éclatent aux quatre coins de Tombouctou, parviennent même aux oreilles des militaires venus de France et d’Afrique.

Pourtant, la cité du désert n’est pas encore libérée… « Les troupes françaises et maliennes ne sont pas encore au centre-ville. Nous avons quelques éléments en ville, peu nombreux. Mais les islamistes ont fait des dégâts avant de partir. Ils ont brûlé des maisons et des manuscrits. Ils ont battu jusqu’au sang les populations qui manifestaient leur joie », déclare un soldat malien. Un réalisme que l’on retrouve dans la bouche d’autres militaires africains : « Tombouctou, c’est délicat. On n’y entre pas comme ça. »

Comment les jihadistes accueilleront-ils les troupes de la coalition ? Se retrancheront-ils dans les monuments anciens pour mener une guérilla urbaine ? Abandonneront-ils Tombouctou, la ville mythique aux milles richesses, en laissant dans leur sillon, une population massacrée, des monuments brûlés, des manuscrits calcinés ? Une chose est sûre : le tapis rouge qu’ils dérouleront aux troupes franco-maliennes aura la couleur du sang.

Restons optimistes… Car samedi 26 janvier, le bastion islamiste de Gao (1.200 km de Bamako) était tombé au cours d’une opération spectaculaire, menée conjointement par les soldats français, tchadiens et nigériens. Les Français des forces spéciales s’étaient d’abord emparés de l’aéroport de Gao. Puis, les Africains, déposés par avion d’un pays voisin, s’étaient introduits au Mali.

Une victoire basée sur le même processus militaire que celui utilisé ce matin dans l’ancienne cité africaine : avancer de nuit, puis prendre les positions stratégiques de la ville (les voies d’accès, ponts et routes, et l’aéroport). Une victoire qui pourrait se renouveler dans la matinée… Depuis la prise de contrôle de l’aéroport, les forces franco-maliennes poursuivent leur avancée vers le centre-ville de Tombouctou, ruelle après ruelle, monument après monument, craignant à tout moment les tirs d’islamistes embusqués.

Crédit photo : REUTERS/LUC GNAGO

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Crédits : AFP/ISSOUF SANOGO

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Tombouctou, ville mythique du Nord-Mali surnommée la « Cité des 333 Saints » ou la « Perle du désert », est inscrite le 28 juin 2012 sur la liste du patrimoine mondial en péril par l’Unesco. Fondée entre le XIe et le XIIe siècle par des tribus nomades, elle conserve les traces d’un passé glorieux. Celui d’un centre intellectuel de l’Islam et d’une cité marchande prospère.

Depuis mars 2012, les villes du Nord-Mali, Tombouctou, mais aussi Kidal et Gao, sont tombées aux mains des milices islamistes d’Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb Islamique), du Mujao (Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest) et des Touaregs d’Ansar Dine. Ces-derniers, qui tentent d’instaurer la Charia (la loi islamique) dans le pays, ont détruit des monuments, brûlé des manuscrits et profané un mausolée.


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