Terrorisme : le « cœur de la France » dans le viseur des djihadistes du Nord-Mali

Alors que les raids de l’aviation française se multiplient dans le Nord du Mali, les milices islamistes, – d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), du Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), d’Ansar ed-Dine (les Défenseurs de l’Islam) – menacées jusque dans leurs bases arrière, fomentent une série de représailles contre l’Hexagone. Que risque la France en intervenant manu militari dans son ancienne colonie ? De signer l’arrêt de mort de ses huit compatriotes retenus en otage au Sahel ? D’être frappée en plein « cœur » par des attentats terroristes ?

« Nous allons frapper le cœur de la France ». Telle est la menace qu’a proférée ce lundi le chef du Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) en réponse aux bombardements français qu’essuient les jihadistes dans le Nord du Mali. Joint par téléphone par l’AFP, le responsable du Mujao dans le Nord du pays, Abou Dardar, s’est exprimé ainsi depuis la capitale malienne, Bamako : « La France a attaqué l’Islam. Nous allons frapper le cœur de la France. » Une menace prise au sérieux par le gouvernement français.

Dans un entretien – publié ce lundi 14 janvier 2013 – au journal Le Parisien, le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a affirmé que la crise au Mali « peut inciter des individus ou groupes à commettre des attentats, aussi bien en France qu’à l’étranger ». Avant de revenir sur le plan VIGIPIRATE – au niveau rouge depuis les attentats de Londres en 2005 – qui s’est vu renforcer dans la soirée de samedi. Objectif : prévenir d’éventuels actes terroristes sur le territoire national.

« Sur une période aussi longue [six ans], l’attention peut s’émousser », a expliqué M. Valls, comme pour justifier le renforcement du plan VIGIPIRATE, qui verra notamment se multiplier les patrouilles dans les transports et les lieux publics, les contrôles et les fouilles à l’entrée des bâtiments publics ainsi que dans les aéroports. Qu’implique concrètement le relèvement du niveau d’alerte ?

« Une mobilisation soutenue des moyens d’Etat », selon la Place Beauvau. Pour rappel, le plan VIGIPIRATE est, depuis 1981, un plan de prévention et de protection face aux menaces terroristes. Il comporte quatre niveaux – jaune, orange, rouge, écarlate – et porte principalement sur les « sites militaires, lieux de culte, emprises diplomatiques, ou encore lieux de fréquentation », a détaillé le ministre de l’Intérieur. A l’heure actuelle, le seuil « rouge renforcé », qui concerne tant l’Intérieur que la Défense, la RATP, la SNCF, etc., implique le renforcement de certains dispositifs de surveillance des transports et de protection des sites sensibles.

Quid des otages français au Sahel ? « Ce n’est pas en cédant aux terroristes que l’on diminue la menace qui, je le rappelle, n’est pas nouvelle », a déclaré Manuel Valls au Parisien avant de rappeler que « des menaces explicites de groupes sahéliens ont été publiées ces derniers mois ». Ces déclarations du ministre socialiste ne risquent pas de rassurer les familles des victimes dont la vie ne tient en ce moment qu’à un fil…

La France a-t-elle raison de trembler devant les jihadistes – affaiblis – du Mujao ? Oui, selon le très médiatique juge anti-terroriste Marc Trévidic. Ce matin, il a déclaré au micro de France Inter, que l’intervention au Nord-Mali provoquerait « des vocations » terroristes en France… Dans un futur pas si lointain. « Il ne faut pas croire que c’est demain que cela va arriver. Cela peut prendre des mois. Ça peut être un contrecoup de leur défaite sur le terrain : c’est l’arme du pauvre, le terrorisme », s’est-il exprimé sans détours.

Les experts ont raison de marteler que la création en 2007 d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi), allié aux rebelles touaregs d’Ansar ed-Dine et aux radicaux du Mujao, relevait de la volonté d’Oussama Ben Laden de frapper l’Europe et notamment France. Mais, l’organisation terroriste n’est encore jamais parvenue à atteindre directement l’Hexagone.

Crédit photo : J-B Tabone / SIRPA Terre


« »

© 2024 Planete Campus. Tous droits réservés