Nouvel An sanglant en Côte d’Ivoire

L’année 2013 s’est ouverte sur un drame en Côte d’Ivoire. Les feux d’artifice de la Saint-Sylvestre, pour lesquels était rassemblée une foule immense, ont provoqué la mort d’une soixantaine de personnes. Une bousculade mortelle qui a transformé la nuit de fête en cauchemar dantesque. Au lendemain de l’accident, une question se pose : qui blâmer ? Les autorités responsables du bon déroulement des festivités ? La bande de jeunes accusés d’avoir menacé les passants ? Ou simplement, la foule qui, irrationnelle et imprévisible, suscite immanquablement de redoutables mouvements ?

La nuit du 31 décembre au 1er janvier n’a pas seulement vu mourir l’année 2012 en Côte d’Ivoire… Au moins 61 personnes sont décédées et une cinquantaine ont été blessées à Abidjan, la capitale économique du pays, dans un mouvement de foule meurtrier. Selon les autorités, plus de 50 000 Ivoiriens – parmi lesquels de nombreux jeunes – s’étaient massés dans le quartier du Plateau, au centre d’Abidjan, pour admirer les feux d’artifice de la Saint-Sylvestre.

Pourquoi les festivités du Nouvel An se sont-elles soldées par une hécatombe ? « 61 morts » et plus « quarante-neuf blessés ont été évacués » par les secours, – pendant que d’autres se rendaient par leurs propres moyens dans les centres hospitaliers de la métropole ouest-africaine – a déclaré mardi sur le lieu du drame le chef des sapeurs-pompiers militaires d’Abidjan, le lieutenant-colonel Issa Sako. A l’heure actuelle, deux versions s’opposent sur les circonstances du bain de sang d’Abidjan : celle des autorités et celles des témoins.

Selon les autorités, l’accident serait survenu vers le stade Houphouët-Boigny plus de deux heures après les illuminations de minuit. Alors que les fêtards rentraient chez eux – sous la forme d’une masse colossale et extrêmement dense –, ils auraient croisé le chemin d’une autre foule qui, elle, allait dans la direction opposée. C’est donc la rencontre brutale des deux groupes, dans une rue non-éclairée, qui aurait provoqué la funeste bousculade.

Pour le Gouverneur du district d’Abidjan, Robert Beugré Mandé, les autorités ne seraient pas responsables de l’accident. Bien au contraire, puisque « le dispositif sécuritaire a permis l’évacuation du public (…) C’est vers 2h40 du matin qu’on m’a alerté du drame au Plateau. L’événement s’est produit dans un endroit qui n’a rien à voir avec le lieu du spectacle pyrotechnique », a-t-il ainsi indiqué au micro de RFI.

Cependant, des témoins, présents au moment des festivités, puis de la cohue, expliquent qu’une bande de jeunes se seraient jetés violemment sur des passants qui, paniqués, auraient provoqué un mouvement de foule meurtrier. Par ailleurs, les Ivoiriens interviewés par la presse déclarent que les policiers auraient placé sur la route des rondins de bois, censés canaliser la foule, mais qui auraient au contraire empêché les fêtards de fuir l’émeute.

Conséquence : « des personnes ont été piétinées et étouffées par la foule », relève le responsable des pompiers mobilisés pour secourir les blessés. D’autres ont été propulsées contre la palissade d’un chantier – qui s’est rapidement  effondrée – derrière laquelle se trouvait un immense ravin. Selon des témoins, plusieurs personnes seraient mortes en tombant dans ce trou.

A qui la faute ? Les autorités incapables de canaliser les mouvements de la foule ? Ou les participants qui, par un malheureux hasard, se seraient retrouvés dans une foule trop compacte, trop pressée ou trop alcoolisée ? La seconde version semble peu probable…. Un élément particulier a forcément déclenché le mouvement de panique. Une chose est sûre : le bilan est lourd.

C’est aujourd’hui que débute le deuil national de trois jours, annoncé au lendemain du drame par le président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara. Ce-dernier a surtout annoncé l’ouverture d’une enquête pour lever le voile sur les circonstances de la bousculade mortelle. Car ce n’est pas la première… En mars 2009, 19 personnes avaient péri dans une cohue similaire au même endroit – le stade Houphouët-Boigny d’Abidjan – alors qu’elles assistaient à un match de football.

Crédit photo : AFP/HERVE SEVI


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