Japon : Shinzo Abe veut construire de nouveaux réacteurs nucléaires.

20 mois après Fukushima, la tentation de l’atome reste forte au Pays du Soleil levant. Alors que les plaies occasionnées par l’une des pires catastrophes nucléaires de l’Histoire ne se sont toujours pas refermées, la situation calamiteuse de l’économie nippone, partiellement plombée par les importations d’hydrocarbures, pousse aujourd’hui le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, à considérer la construction de nouveaux réacteurs nucléaires.

Devenu le Premier ministre de l’Archipel suite au triomphe électoral du Parti libéral-démocrate (PLD, droite conservatrice) le 16 décembre 2012, Shinzo Abe, s’est déclaré favorable à la construction de nouveaux réacteurs nucléaires. Mais, avant de pouvoir relancer son pays dans la voie ô combien décriée de l’atome, il devra convaincre l’immense partie de la population, qui s’oppose au nucléaire, depuis l’accident de Fukushima, survenu il y a un peu plus de 20 mois.

C’est dans une interview donnée dimanche dernier à la chaîne de télévision privée TBS, que le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a exprimé directement quoique prudemment sa volonté de construire de nouveaux réacteurs. « Les nouveaux réacteurs seront différents de ceux construits il y a quarante, de ceux de Fukushima Daiichi qui ont entraîné la crise », a-t-il annoncé au lendemain de sa visite sur le site de la centrale meurtrie par le tsunami du 11 mars 2011.

Déclenchée par un séisme d’une amplitude exceptionnelle (9 sur l’échelle Richter), le raz-de-marée a déferlé sur la centrale de Fukushima Daiichi, provoquant une panne des systèmes de refroidissement des réacteurs nucléaires, des fusions partielles des cœurs de trois réacteurs et d’importants rejets radioactifs. Comment Shinzo Abe s’y prendra-t-il pour faire oublier aux Japonais la pire catastrophe nucléaire depuis Tchernobyl ? Ce fléau qui frappa l’Ukraine (alors membre de l’URSS) en 1986.

En prouvant aux citoyens nippons que l’accident de Fukushima s’est avéré exceptionnel dans le paysage atomique de l’Archipel, toutes les autres centrales du nord-est du Japon ayant résisté au tsunami. « Nous les construirons en expliquant au public à quel points ils sont différents, de façon à gagner sa compréhension », a expliqué le Premier ministre japonais dans la même interview télévisée.

Après avoir annoncé qu’il accepterait de redémarrer les réacteurs considérés comme sûrs par l’Autorité de régulation, organisme indépendant mis en place par le gouvernement sortant de Yoshihiko Noda, dont l’une des promesses de campagne était de sortir le pays du nucléaire à l’horizon 2030, Shinzo Abe s’oriente désormais vers la construction de nouveaux réacteurs. Pourquoi ? Pour remettre « l’économie [nipponne] sur les rails de la croissance », qui pâtit de l’arrêt de la quasi-totalité des réacteurs que possède le Pays du Soleil levant et de l’accroissement conséquent des importations de carburants, comme il l’avait déclaré au lendemain de sa victoire électorale.

L’abandon de l’énergie nucléaire transformerait donc le Japon en nation impuissante, incapable de rivaliser avec les puissances économiques de l’Occident et les pays émergents de l’Orient ? L’Archipel de l’océan Pacifique se retrouverait donc démuni face aux énergies vertes, incapable de développer l’éolien ou le solaire thermique comme son voisin chinois ? Il préférerait donc parier sur une source d’énergie dont seuls les risques sont durables.

Crédit photo : Itsuo Inouye. AFP


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