Japon : 20 mois après Fukushima, la droite pro-nucléaire reprend le pouvoir.

Les élections législatives nippones du dimanche 16 décembre ont permis aux conservateurs du Parti libéral-démocrate (PLD) de remporter la majorité absolue à la chambre des députés. 20 mois après la catastrophe de Fukushima… Comment interpréter la victoire d’une droite pro-nucléaire ? La question de l’atome s’est révélée moins décisive que celle de la relance économique : « notre première priorité sera de remettre l’économie sur la voie de la croissance », a déclaré le numéro deux du PLD  Shigeru Ishiba.

Selon la chaîne télévisée publique NHK, le PLD – vaste formation de droite placée aux commandes du Japon presque sans interruption des années 1950 à 2009 – a remporté près de 300 sièges sur les 480 en jeu au cours de ces élections anticipées. Et si la victoire de la droite nippone, renforcée par son allié centriste du Nouveau Komeito, tenait moins de ses positions pro-nucléaires que de ses promesses pour sortir le Japon de la récession ? Et si pour reprendre le chemin de la croissance les Japonais devaient refouler l’accident de Fukushima au fin-fond de leur inconscient en approuvant la relance de l’industrie nucléaire ?

En plébiscitant la formation de Shinzo Abe, probable futur Premier ministre. En évinçant le Parti Démocrate du Japon (PDJ). En ignorant sa promesse de campagne « zéro nucléaire » à l’horizon 2040. Les électeurs ont-ils implicitement avalisé le redémarrage des réacteurs nucléaires ? Oui. Avant les élections, le PLD a promis une inspection des 50 réacteurs du pays dans un délai de trois ans pour se prononcer ensuite sur leur relance. Un faux suspense qui risque fortement d’aboutir au remaniement, voire au reniement du plan énergétique du gouvernement sortant de Yoshihiko Noda.

Mais la catastrophe de Fukushima continue de hanter les esprits. Et les conservateurs du PLD doivent redéfinir leur bouquet énergétique idéal – composé pour moitié d’électricité d’origine atomique avant l’accident de mars 2011 – avec une part de nucléaire. Objectif : soustraire le Japon de sa dépendance vis-à-vis de l’étranger. La consécration du PLD, dont la position se rapproche de celle du patronat, qui estime que l’économie nippone est incapable de se passer de l’énergie nucléaire, a été saluée dans la matinée par la Bourse de Tokyo. A 3H30 (12H30 heure locale), l’indice Nikkei, 225 des valeurs vedettes, montait de 1,61%.

Réponse logique. L’arrêt des centrales atomiques – seuls deux réacteurs sont restés en service après l’accident de Fukushima – a contraint les entreprises à réduire leur consommation d’électricité, ralentissant en conséquence leurs activités dans l’archipel. La remise en marche forcée des centrales thermiques – qui fonctionnent avec des carburants importés : le gaz et le pétrole – a foré les comptes nationaux, plongeant la balance commerciale du Japon dans la zone déficitaire.

Si la décision de relance des réacteurs nucléaires qui, pour le chef de file du PLD Shinzo Abe, permettra de doper la troisième puissance économique mondiale, dépend du pouvoir politique. Le verdict de sûreté préalable, lui, sera prononcé par la nouvelle Autorité de régulation nucléaire mise en place en septembre 2012 par l’ancien gouvernement de centre gauche. Or, l’instance indépendante fixera probablement de nouveaux standards de sécurité bien plus sévères que les précédents afin qu’un drame tel que Fukushima ne se reproduise pas dans l’avenir.

Crédit photo : Le Monde


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