Téléphoner en conduisant, bientôt la fin ?

Le téléphone va encore être au coeur d’un débat sur les dangers au volant. La Ligue contre la violence routière interpelle le ministre de l’Intérieur Manuel Valls, pour lui demander une loi interdisant totalement le téléphone en conduisant, y compris l’usage des oreillettes.

Depuis 2003, l’utilisation du téléphone à la main dans la voiture est punie d’une amende de 125 euros et d’un retrait de trois point de permis. Chantal Pérrichon, présidente de la Ligue, s’insurge contre l’usage de l’oreillette au volant qui représente un danger tout aussi important selon elle. Mme Pérrichon s’appuie sur l’étude « Téléphone et sécurité routière » publiée en 2011 par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et l’Institut français de sciences et des technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux (Ifsttar), selon lesquels l’usage de l’oreillette au volant est aussi dangereux que de téléphoner à la main, car la baisse de concentration est quasiment la même et « multiplie par trois les risques d’accident ». Le fait de se concentrer sur la conversation téléphonique détourne l’attention de l’automobiliste et ses réflexes sont moins rapides. On peut lire sur le site de la Ligue contre la violence routière que celle-ci « souligne l’incohérence de cette réglementation qui, pour des raisons de sécurité, permet de sanctionner l’usage du téléphone tenu en main, mais n’autorise pas de sanctionner l’utilisation du kit mains libres qui, cependant, présente les mêmes risques. Car l’usage du téléphone, mains libres ou pas, mobilise les mêmes facultés cérébrales que celles qui sont nécessaires à la conduite. »

Cette « croisade anti-téléphone » selon les termes de Mme Périchon, suscite l’opposition de l’association 40 millions d’automobilistes pour qui la prohibition totale est « illusoire » tant l’usage du téléphone au volant progresse chez les jeunes entre 18 et 24 ans. En effet, un sondage commandé par les association Prévention routière et Assureurs prévention, montre qu’en 2004, 44 % des 1004 automobilistes sondés ont déclaré utiliser leur téléphone, alors qu’en 2011, ils représentaient 78 %. En sept ans, la proportion a presque doublée. C’est pourquoi l’association 40 millions d’automobilistes soutient qu’il est plus judicieux d’encadrer et de sécuriser l’utilisation du mobile en permettant aux conducteurs de ne pas effectuer de manipulations manuelles.

Les constructeurs automobiles comme PSA et Renault, ont bien intégré la loi et la nécessité de limité le contacte manuel avec le téléphone. Ils proposent des voitures avec haut-parleur et micro qui s’allument en appuyant sur un bouton derrière le volant. En 2013, Renault permettra à ses automobilistes de déclencher une lecture vocale des courriers électroniques.

En attendant une éventuelle loi interdisant le kit mains libres au volant, le débat risque d’être houleux.