Conférence de presse de Hollande : serait-il resté trop prudent ?

La conférence de presse tenue par le président de la République le mardi 13 novembre était très attendu par tous : à droite, à gauche et dans la société civile. Si la majorité présidentielle et la presse ont plutôt apprécié l’image donnée par François Hollande, les critiques sur son manque de carrure sont restées nombreuses. 

Avant même d’avoir commencé, la conférence de presse du président Hollande donnait lieu à des polémiques, car elle était annoncée au sein de l’Elysée, contrairement à ce qu’avait promis le président dans le cadre de sa présidence normale.

Mais cela mis à part, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a vu mardi à la télévision « un président de la République qui assure totalement la plénitude de ses fonctions, avec une vraie determination, une vraie autorité. » . Oui, mais voilà, tout le monde n’a pas eu le même ressenti que Jean-Marc Ayrault, et particulièrement dans la classe politique.

Pour le très médiatique Jean-François Copé, il s’agissait de se faire entendre, à quelques jours de l’élection du chef de file de l’UMP : la prestation présidentielle n’a été pour lui que « déception » . Le président aurait même selon lui persisté « dans le mensonge et le masque de l’autosatisfaction. »

Son adversaire François Fillon a lui aussi émis un avis tranchant : il a vu François Hollande comme « un président qui enfonce un peu plus sa tête dans le sable en affirmant qu’il ne changera pas de politique. »

Tout aussi déçu par les annonces du président, Jean-Louis Boorloo (Union des Indépendants Démocrates, UDI) a toutefois salué la transformation de l’attitude de François Hollande : « Je l’ai trouvé assez habile, (c’était) une opération de séduction pour la presse (…) il a voulu montrer qu’il avait le costume. »

Un président trop frileux ?

François Hollande a mis au centre de son intervention l’idée de rassemblement, l’appel à une classe politique unie dans l’adversité. Il a particulièrement appuyé sur ce point à propos de la question terroriste (« Ne perdons pas notre temps, ne nous divisons pas, ne polémiquons pas, ne cherchons pas à utiliser je ne sais quelle phrase à des fins de politique intérieure. C’est trop grave. ») et a fait de son mieux pour « rassembler. »

Mais surtout, le président est resté particulièrement prudent sur les questions délicates du droit de vote des étrangers aux élections locales, et du mariage homosexuel.

Concernant l’union des couples de même sexe, il a expliqué la loi serait « un texte de liberté « , et non pas de « division » : un appel en direction de ceux qui s’opposent à la mise en place de cette Loi, pour les rassurer ?

La question du droit de vote aux élections locales a aussi été traitée avec recul et prudence : s’il a exclu la mise en place d’un référendum sur le sujet (pourtant réclamé sans cesse par la droite), François Hollande a expliqué que « le gouvernement peut préparer le texte, mais ne le déposera que si la perspective de son adoption est assurée. » .

Autrement dit, il faudra qu’il obtienne une majorité au parlement pour que la loi passe. Cette annonce a déplu a certains partisans de l’extrême-gauche et à une partie des électeurs du président, qui avait fait du droit de vote des étrangers aux élections locales une promesse de campagne.

Cette conférence de presse laisse toutefois aux observateurs un goût relativement positif : pour certains, François Hollande a enfin enfilé son costume de président, pour d’autres il a réussi à chasser le souvenir de Nicolas Sarkozy.

Malgré cette intervention plutôt saluée, les sondages jouent toujours en la défaveur du président, dont l’action ne trouve grâce qu’aux yeux d’une petite moitié de français.

 

 

 

 

 

Crédit Photo : Philippe Wojazer/Reuters.

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