Le match Copé-Fillon

S’il y a une homme politique qui a tiré profit de la semaine écoulée, c’est bien Jean-François Copé. Son Manifeste pour une droite décomplexée n’est pas encore sorti et pourtant, depuis la publication des premiers extraits par la presse française mercredi, on ne parle que de ça. Il faut dire qu’il savait ce qu’il faisait : employer une expression aussi connotée extrême-droite que »racisme anti-blanc« , c’est l’assurance infaillible d’occuper l’espace médiatique; et de rallier cette frange de l’électorat populaire qui ne cesse d’osciller entre l’UMP et le FN.

Le secrétaire général de l’UMP semble donc décidé à reprendre à son compte la « ligne Buisson » – du nom de conseiller de Nicolas Sarkozy durant la campagne présidentielle -qui a valu tant de critiques à l’ex-président de la République, y compris de la part de la frange la plus modérée de son parti.

C’est une stratégie dangereuse, car il prend le risque de s’aliéner l’électorat centriste, mais finalement assez logique : dans la compétition pour la présidence de l’UMP où il est opposé à François Fillon, il importait de se différencier nettement de son rival et d’apparaitre comme le vrai détenteur de l’héritage sarkozyste. Ce qui, face à celui qui a été le premier ministre de Nicolas Sarkozy pendant 5 ans, n’était pas gagné.

François Fillon, lui, est dans une position inconfortable. Non seulement le débat tourne désormais autour des thèmes imposés par le maire de Meaux, mais en s’affichant comme tenant d’une ligne dure, Jean-François Copé a déporté son rival sur sa gauche; or, dans un parti dont, selon les sondages, près de la moitié des sympathisants se déclarent favorables à une alliance avec le FN, apparaitre comme le héraut d’une « droite molle » est incontestablement un handicap.

L’élection est dans un mois et demi. L’ex-premier ministre fait toujours la course en tête dans les sondages, mais son concurrent vient de marquer les esprits. Et d’ancrer dans l’opinion cette image de « briseur de tabou » qui avait tant fait pour la popularité de Nicolas Sarkozy. Gageons que la réponse ne se fera pas attendre.


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