PJ de lyon: ça sent le poulet grillé

L’incarcération du numéro 2 de la police judiciaire lyonnaise, Michel Neyret, dans l’enquête menée pour corruption et trafic d’influences, embarrasse et provoque la stupéfaction. Les pratiques des « ripoux » frôlant la légalité sont mis en lumière par cette affaire. C’est toute l’image de l’institution qui est ternie.

L’enquête menée par les juges parisiens, Patrick Gauchon et Hervé Robert, porte sur les pratiques de la police des régions lyonnaise et grenobloise. Michel Neyret a été mis en examen lundi, notamment pour corruption, trafic d’influence, association de malfaiteurs, trafic de stupéfiants, détournement de biens et violation de secret professionnel. Il a ensuite été placé en détention provisoire à la prison de la Santé, à Paris. Selon une source judiciaire, il est soupçonné d’avoir détourné du cannabis avant son placement sous scellés ou sa destruction afin de rémunérer des informateurs ou pour le revendre. La justice, par des écoutes téléphoniques, confirme ses liens incontestables avec le milieu. Lors des gardes à vue, les interrogatoires ont confirmé l’existence d’un « système de drogue détournée afin de rémunérer les indicateurs ».

Après trente ans de carrière, Michel Neyret s’était forgé une réputation de « super flic » auprès de ses proches. Et que seraient les flics sans leurs informateurs ? Apparemment, il a dérapé ou s’est fait manipuler par les voyous qu’il fréquentait. En tout cas, il porte le chapeau pour tout un système, qui frôle en permanence la ligne jaune lors des enquêtes. En garde à vue, il a avoué des « imprudences » et reconnu avoir accepté des cadeaux, notamment des séjours payés à Marrakech et sur la Côte d’Azur et le prêt de voitures de luxe. De plus, l’Inspection générale des services (IGS) a creusé ses relations avec plusieurs personnalités réputées proches du milieu lyonnais. Une de ses connaissances relate :  « Il s’est finalement affranchi de tout contrôle. Cette affaire ne doit pas jeter l’opprobre sur l’ensemble de sa carrière. Mais il risque d’entraîner dans sa chute d’autres policiers qui étaient sous sa fascination. »

Sa chute a entraîné la mise en examen de quatre autres flics entendus mardi soir par les juges. Après plusieurs jours de garde à vue, le chef de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) de Lyon, deux gradés de la PJ de Grenoble et un membre de la Brigade des stupéfiants, ont été mis en examen «  pour trafic de stupéfiants, association de malfaiteurs, détournement de scellés et vols en réunion ».  Christophe Gavat, le chef de la PJ de Grenoble est accusé d’avoir récupéré de la résine de cannabis pour rémunérer un informateur, sur ordre de Michel Neyret.

Dernier rebondissement dans cette affaire : l’avocat de l’ancien convoyeur de fonds Toni Musulin (condamné à cinq ans de prison pour avoir dérobé 11,6 millions d’euros à la fin de 2009) a demandé mercredi la « réouverture du dossier » de l’ex-convoyeur en raison des « doutes » suscités par la mise en examen de Michel Neyret. L’ex numéro 2 de la PJ lyonnaise faisait en effet partie des policiers qui ont arrêté le convoyeur de fonds, le 16 novembre 2009 et avait  retrouvé une grande partie du butin de Tony Musulin. Mais 2,5 millions d’euros sont toujours introuvables.

Cette affaire de corruption ébranle la police lyonnaise et l’ensemble de la profession. Les enquêteurs vont se pencher sur d’autres zones d’ombre, et des têtes risquent encore de tomber en attendant la suite…

 


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