Hadopi a – presque – passé la vitesse supérieure !

Après « Hadopi épisode 1 : le commencement », après « Hadopi épisode 2 : le rodage », voici « Hadopi épisode 3 : l’accélération » ! En effet, l’Hadopi a envoyé 400 000 avertissements depuis son lancement en octobre 2010. Plusieurs internautes ont même déjà été pris trois fois en flagrant délit et risquent une amende. Mais le système na pas encore atteint ses objectifs de départ.

La Haute Autorité pour la Diffusion des Œuvres et la Protection des droits sur Internet, plus communément appelée Hadopi, fête ses 8 mois de mise en route. Pour l’évènement, Hadopi a envoyé 400 000 mails d’avertissement aux pirates du web. En décembre, la Haute Autorité n’en était qu’entre 70 000 et 100 000, alors ça peut paraitre beaucoup, mais en fait c’est bien loin des 10 000 avertissements quotidiens annoncés au début (ce qui ferait théoriquement 300 000 mails par mois, et 2,4 millions depuis octobre). Surtout quand on sait que, selon Le Figaro, plus de 50 000 adresses IP de « téléchargeurs » (néologisme, quand tu nous tiens) illégaux sont fournies chaque jours à l’Hadopi.

Rappelons rapidement le mode de fonctionnement gradué des sanctions si vous êtes pris en flagrant délit de piratage. L’internaute reçoit d’abord un mail d’avertissement la première fois et, s’il récidive dans les six mois – et qu’il est repris -, il recevra un deuxième mail suivi d’une sympathique lettre recommandée. En cas de troisième récidive, décidément, le fraudeur risque une amende de 1 500 euros et une suspension de sa connexion internet.

Justement, après avoir envoyé ses séries de premiers mails, Hadopi est passée à la vitesse supérieure en entrant dans la deuxième phase pour « 3 500 personnes », selon Mireille Imbert Quaretta, la magistrate qui dirige la Commission de protection des droits et supervise la réponse graduée contre le téléchargement illégal, citée par Le Figaro. Les pirates concernés ont donc reçu une lettre recommandée. La moyenne quotidienne d’envoi d’avertissement est également plus élevée : elle était d’environ 1 000 par jour sur les trois premiers mois, elle est passée à environ 2 000 depuis janvier.

Parmi les délinquants récidivistes du 2.0, quelques dizaines auraient même été pincées pour la troisième fois. Si la loi est correctement appliquée – sinon ça voudrait dire qu’elle ne sert « vraiment » à rien – ils risquent de passer devant un juge, qui pourrait suspendre leur connexion internet pendant un mois et/ou leur infliger une amende.

Tout ceci semble être au point, mais, toujours selon Mireille Imbert Quaretta, « le système est rustique, peu automatisé. Une sorte de 2 CV. » Illustration avec les cas des multirécidivistes ci-dessus : la plupart d’entre eux « ne savaient même pas qu’ils fraudaient », comme l’explique Le Figaro s’appuyant sur les magistrats de la Haute Autorité. Ce qui s’expliquerait par le fonctionnement des logiciels Peer to Peer (partage de données entre internautes), qui permettent de télécharger illégalement mais aussi légalement selon les fichiers. Pour tenter d’éclaircir ces conditions, la Commission a décidé d’entendre les personnes concernées, mais cela s’annonce compliqué comme elles ne vivent pas toutes en région parisienne.

Est-il nécessaire de signaler que les véritables cibles de l’Hadopi sont les « gros » pirates, et non pas les téléchargeurs occasionnels. Sauf que les « gros » pirates s’y connaissent souvent très bien en informatique, et ont déjà trouvé des moyens de contourner les contrôles (en changeant régulièrement d’IP par exemple).

Hadopi ne fait donc pas si peur que ça. Mais prenez-garde lorsqu’elle se transformera en Porsche !


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