sondage marine le pen : 1/5 des français xénophobes?

D’un institut de sondage à un autre et quels que soient les scénarios envisagés, la présidente du FN serait créditée de 20 % des intentions de vote. L’affaire échauffe plus d’un. Conséquence, une majorité déboussolée mettant à jour une fracture entre l’aile dure et les modérés.

Une exclusion de l’UMP est même promise, par le chef de l’Etat, à ceux qui se risqueraient à un « accord avec le FN ». Mais qui sont-ils ? D’où vient ce quart de Français qui fait si peur, au point de semer la pagaille, autant dans la majorité qu’au Parti Socialiste ?

Depuis la mise en place d’une politique sécuritaire renforcée, il y a un peu plus de six mois, avec la polémique sur les Roms, la question de la déchéance de la nationalité, et maintenant la laïcité, et la place de l’Islam en France, on constate la progression de  Marine Le Pen dans les sondages.

On l’aura compris l’UMP en lançant des débats sans suite donne l’impression de tourner en rond. Des actes, du concret et des vraies priorités voilà ce que demande les français. Manque de chance ce qui leur importe:  l’emploi, la réussite des jeunes, le besoin de protection d’une population toujours plus vieille, sont aussi les thèmes chers au FN. Conséquence de ces controverses, des voix discordantes, et des bourdes  de la majorité qui font la joie du FN

Un programme qui tient la route ?

Les yeux rivés sur les pourcentages des instituts de sondage on en oublie le plus important : le programme.

Dominique Seux rédacteur en chef aux Echos revient sur son blog sur le programme de Marine Le Pen.  D’un seul mot le tour en est fait « farfelu ». « Le FN, en économie, prospère sur (…) un ras-le-bol et une fatigue de la complexité ».

« Dans son discours de Tours en janvier, Marine Le Pen a utilisé le mot Etat 46 fois. Ce projet est nationaliste et se présente comme socialiste. Il mord à droite sur certains sujets, et cherche à mordre à gauche.

Que propose-t-elle ? Il faut aller dans le concret. Le scénario économique est le suivant. La France sort de l’Union européenne et de l’euro. Le franc est réimprimé, avec une valeur de 1 franc = 1 euro. Il est fortement dévalué pour relancer la croissance. L’inflation importée (pétrole) revient du coup au galop et elle est même provoquée parce que la Banque de France crée de la monnaie pour rembourser la dette publique. Pour contrôler cela, la surveillance administrative des prix est rétablie. Comme les prix augmentent quand même, on baisse les impôts. Et l’Etat se finance en recentrant les aides sociales sur les seuls nationaux français. La boucle est bouclée.

Tout cela repose sur des idées fausses. La Grande-Bretagne, qui n’a pas l’euro, a été touchée par la crise. Marine Le Pen veut quitter l’euro avec l’Irlande, le Portugal, l’Espagne. Mais aucun pays ne le veut, et pas les Irlandais, qui ont pourtant renversé leur gouvernement. Croire qu’il suffit de bloquer les produits chinois à la frontière pour que tout aille mieux est court – même s’il y a des marges de manœuvre.”

Des médias vecteurs de l’opération séduction?

En 2002, Jean-Marie Le Pen, avait pu se hisser au second tour par surprise, personne ou presque ne l’attendait à cette place. Aujourd’hui, chacun est averti des risques encourus, rendant ainsi la chose moins évidente. Reste qu’un tabou est tombé. Les médias sont de plus en plus décomplexés, vis à vis de Marine Le Pen, qui cultive son image de femme moderne décontractée, mère de trois enfants.

Exemple probant dans, l’hebdomadaire féminin Elle de cette semaine. On y trouve un portrait très distancié de la présidente du Front national. Le tout relevé par une grande photo ou l’on affiche la blondeur féminine de la présidente du Front national « passionnaria » de la politique.

Néanmoins la chose est à nuancer, la volonté de prendre ses distances par rapport à son père, d’exister hors de lui et de provoquer une empathie qu’elle compte exploiter pour montrer qu’elle capte les attentes quotidiennes des Français, n’est pas relayée par toute la presse.

Pour Caroline Laurent-Simon, qui a brossé le portrait de Marine Le Pen, il s’agissait de « voir justement sa tentative de séduction des médias et d’utilisation systématique de son genre féminin ». « Au Front national, on nous la vend comme un pur slogan publicitaire », a confié à l’AFP la journaliste. On nous dit : « Regardez comme elle est douce, c’est une femme, elle est formidable et n’a pas d’idées extrémistes. Mais c’est faux. C’est du copié collé du père ».

En attendant, malgré une idée reçue, le meilleur ennemi du FN a toujours été l’abstention.

Pour Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département Opinion à l’Ifop. « L’électorat frontiste est un électorat contestataire, c’est celui qui s’abstient le plus lors d’élections secondaires comme les cantonales. »


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