Côte d’Ivoire: pourquoi Gbagbo est obligé de réquisitionner les banques

Cela fait plus de deux mois que la crise touche la Côte d’Ivoire, en raison du bras de fer entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo. Ce dernier n’a toujours pas laissé le pouvoir à son opposant, pourtant vainqueur des dernières élections. Pour pouvoir rester à la tête d’un pays divisé et appauvri, il a dû réquisitionner les banques.

Laurent Gbagbo apparait comme étant en sursis à la tête d’un pays exsangue. L’ancien président qui s’accroche au pouvoir a décidé jeudi de « prendre le contrôle » des banques ivoiriennes. Derrière cette annonce qui montre une fois de plus son côté despotique, se cache en fait une nécessité : il est obligé de trouver de l’argent pour payer les fonctionnaires et l’armée, pour l’instant acquis à sa cause.

Tout commence lorsqu’Alassane Ouattara cherche un moyen de déloger le dictateur. Le meilleur, c’est d’assécher ses sources de revenus. Ainsi, Ouattara a d’abord décrété la suspension de l’exportation de cacao (la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de cacao), une mesure soutenue par l’Union Européenne, qui a aussi adopté le gel des actifs financiers de Gbagbo. Ce dernier a alors été forcé de recourir à des circuits clandestins pour faire entrer des capitaux

On est passé à la vitesse supérieure avec les fermetures depuis quelques jours de banques ivoiriennes, souvent filiales de banques françaises. Rien que la Bicici (BNP Paribas) et la SGBCI (Société Générale), qui ont toutes les deux fermé leurs portes, représentent 55% du marché. En réaction, Laurent Gbagbo a annoncé avoir « pris des décrets afin que l’Etat de Côte d’Ivoire prenne le contrôle par une prise de participation totale et complète dans le capital de certaines banques » qui ont fermé. Les deux établissements précédemment cités en font partie, on comprend pourquoi.

Il était obligé de remettre la main sur ces banques – officiellement pour « préserver les emplois et assurer l’accès des Ivoiriens et des opérateurs économiques à leurs avoirs »pour garder l’armée sous son influence. Selon l’ONU, il a besoin de 150 millions de dollars par mois pour entretenir ses quelques 104 000 fonctionnaires et 55 000 soldats. S’il ne peut plus payer, il s’expose à une révolte de ses principaux soutiens.

Selon des proches de son clan, Gbagbo peut tenir deux mois « sans problème ». Il lui reste encore les revenus du pétrole (il contrôlerait un tiers de la production, soit 20 000 barils par jour) et les impôts. L’homme politique enverrait désormais des hommes armés pour obliger les entreprises à payer leurs impôts. Car Alassane Ouattara leur avait demandé de ne plus payer leurs taxes à la direction des impôts ivoirienne que contrôle Gbagbo. On se demande combien de temps un tel système peut encore tenir.

Le Monde.fr, Le Figaro.fr


« »

© 2024 Planete Campus. Tous droits réservés