Tunisie : l’opposant Moncef Marzouki pris en chasse par des manifestants

Alors qu’en Tunisie la tension monte entre pro et anti-gouvernementaux, l’opposant historique Moncef Marzouki s’est fait prendre à parti par des manifestants, mardi dernier à Tunis.

L’incident a eu lieu lorsque Moncef Marzouki a souhaité saluer la foule devant le ministère des Finances, où des avocats tunisiens lançaient des slogans contre le gouvernement de transition. Un groupe de jeunes manifestants l’a alors immédiatement pris en chasse, en l’insultant et le traitant d’« agent des Français et des américains ». L’opposant historique au régime tunisien a alors dû prendre la fuite en se frayant un chemin parmi la foule. Le groupe, très agressif, l’a poursuivi jusque dans les ruelles de la medina, ou d’autres manifestants se sont enfin interposés.

« Ils disent que je suis un mécréant », a expliqué, essoufflé et visiblement choqué ce dirigeant de la gauche laïque âgé de 65 ans. « D’après moi, ils ont été envoyés par le pouvoir. Il y a une campagne contre moi, y compris sur (le réseau social) Facebook », a-t-il ajouté. Mais pour un des manifestants qui l’a poursuivi, il s’agit seulement d’empêcher toute récupération politique de la « révolution du Jasmin », d’où qu’elle vienne. « Ça y est, tout le monde rapplique maintenant pour venir récupérer notre révolution », explique cet homme en colère d’une quarantaine d’années, venu du centre frondeur et déshérité du pays, foyer principal de la contestation.

Cet accident témoigne du climat de suspicion et d’incertitude qui règne en Tunisie. «J’ai l’impression que certains courants cherchent à profiter de la colère de la rue pour la pousser à faire tomber ce gouvernement dans l’espoir de servir leurs propres intérêts politiques. Il faut se méfier de la manipulation», prévient ainsi Rafed Khouildi, un fonctionnaire qui veut donner sa chance au cabinet transitoire. «Mais je ferais mieux de me taire», ajoute-t-il. Par les temps qui courent, toute critique des protestataires est interprétée comme étant un soutien au RCD (parti de l’ex-président déchu Ben Ali). «D’ailleurs, ça vient de provoquer des clashs en centre-ville entre pro et antigouvernementaux. Attention à ne pas dévier du chemin de notre révolution!», conclue-t-il.


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