E-book, pour ou contre?

Lorsqu’en 2007 Amazon a lancé en grande pompe son Kindle, le monde entier s’est interrogé sérieusement sur l’avenir du livre-papier. Le site de vente en ligne a en effet amorcé une nouvelle révolution technologique: désormais plus besoin d’attendre que la poste nous délivre un livre, plus besoin de se déplacer dans une librairie; en quelques clics le nouvel ouvrage rejoint notre bibliothèque virtuelle et est bien entendu consultable immédiatement.

Trois ans plus tard le bilan est plus qu’angoissant pour les libraires: 313 millions de dollars de recette aux États-Unis, 60 000 readers vendus par la fnac en France en 2009 et le chiffre de vente de livres continue de chuter (-1,8% aux États-Unis).

Les liseuses électroniques séduisent de plus en plus de gens. Avec un design qui continue de se moderniser et de s’améliorer, de nouvelles fonctions disponibles régulièrement, il y a peu de raisons qui les empêcheraient de conquérir de plus en plus de lecteurs.

Pourquoi acheter un e-book?

C’est tellement plus pratique à transporter! Oubliées les douleurs de dos à la fin de la journée à force de traîner partout livres, magazines et journaux. Un seul de ces appareils peut contenir 3000 ouvrages, imaginez un peu la culture qu’il est possible d’avoir sur soi, archivée dans un livre électronique ne pesant que quelques grammes.

Pour certaines professions, l’e-book est une véritable aubaine: imaginez un juriste ayant la possibilité de consulter code pénal, code civil tous les livres de droit nécessaires sans encombrer son bureau et disparaître derrière des piles branlantes d’ouvrages!

De plus, les livres électroniques coûtent moins cher que leurs versions imprimées et rapportent plus d’argent aux écrivains (pas de frais d’impression, de reliure etc). Ils perçoivent 50 à 75% de droits d’auteur sur les livres numériques contre 5 à 20% sur les livres-papiers.

Pourquoi être contre?

La première chose que les détracteurs de l’e-book vous diront tient en un mot: « l’objet-livre ». En effet si certains friands de technologie se sont jetés sur les premiers exemplaires du Kindle, d’autres resteront encore longtemps attachés à leurs livres et tout ce qu’ils représentent. Odeur, bruit des pages qui se tournent, plaisir d’avancer au fil des pages, de retrouver des grains de sable glissés dans la rainure au retour des vacances… (soit-dit en passant, mieux vaut ne pas essayer d’apporter son e-book sur la plage : eau, sable rien de plus fatal à un appareil électronique)

Mais au delà de la tradition, l’e-book représente un vrai danger pour l’industrie du livre.

Depuis l’avènement d’internet on ne peut pas dire que les ventes de livres se portent au mieux. L’apparition de sa version électronique pourrait leur porter un coup fatal. De plus en plus de librairies indépendantes se voient forcées de mettre la clef sous la porte tout comme les petit disquaires l’ont fait les uns après les autres il y a quelques années. Sans parler de tous les métiers de l’édition qui seraient également appelés à disparaître.

Tous les utilisateurs du web l’auront également compris sans tarder : qui dit livre disponible sur internet, dit téléchargement illégal. C’est pourquoi même si cela pourrait leur rapporter plus de droits d’auteur, la plupart des écrivains restent réticent à accorder leur confiance aux e-books.

Alors?

Le duel e-book/livre-papier ne fait que commencer et va sûrement encore beaucoup faire parler de lui dans les années à venir.

Cependant, il se pourrait que les fabricants d’e-books et de livres se trompent de combat. A une époque où de plus en plus de professeurs de collège et de lycée déplorent le niveau de lecture de beaucoup trop d’élèves, il serait judicieux de faire front commun pour promouvoir les bienfaits d’une heure passée à lire. Que se soit sur un écran ou dans les pages d’un livre.

Pour terminer avec un peu d’humour, voilà une campagne de pub mise en place par les bibliothèques nationales allemandes. Elles ont bien compris que pour attirer des lecteurs, il suffit d’un peu de second degré! « Choque tes parents, lis un livre! » proclament les affiches un peu partout dans les villes du pays voisin.