Tintin au tribunal

Hier, au tribunal pénal à Bruxelles, a débuté le procès intenté par Bienvenu Mbutu Mondondo qui demande à ce que la bande dessinée Tintin au Congo soit retirée du commerce. Selon lui, l’album de Hergé, publié en 1930 comporte des propos racistes et offensants envers les Africains. La juge Carine Van Damme a reporté l’affaire au 5 mai.

Mbutu Mondondo accuse la société Moulinsart, chargée de gérer les droits dérivés de l’oeuvre d’Hergé, de cautionner le « racisme » de Tintin au Congo. L’avocat de Moulinsart, Alain Berenboom, ne voit pas « d’urgence à interdire un album diffusé depuis bientôt 80 ans ». Selon lui, interdire Tintin au Congo signifierait « la fin de la littérature ».

Les avocats du plaignant quant à eux affirment que l’urgence tient dans « la discrimination justifiée » qui existe aujourd’hui sur le marché belge de la BD. Contrairement aux éditions françaises et flamandes, le public peut trouver en librairie une version anglaise de la BD, scellée par un bandeau qui met en garde les lecteurs et contenant une préface expliquant certains éléments du récit et invitant à prendre des distances à l’égard des clichés colonialistes.

Pour le plaignant, il est désormais urgent de faire savoir aux Belges que les clichés de Tintin au Congo sont faux et dénonce les images, qu’il considère « choquantes et diffamatoires à l’égard des Congolais », qu’on retrouve au fil des aventures du célèbre reporter lorsqu’il était en mission dans cette ancienne colonie belge.

L’avocat de la société Moulinsart, Alain Berenboom a déjà commenté l’affaire. « A mes yeux, cette plaine déposée contre Tintin au Congo n’a pas de sens. Si la justice devait donner raison au plaignant, des pans entiers de la littérature mondiale s’en trouveraient menacés, à commencer par la Bible, qui peut aussi être lue comme un ouvrage extrêmement choquant. Si l’on exige que tout ce qui est écrit soit politiquement correct, il va falloir interdire Dickens, Simenon, Jules Vernes, Zola, Sade… » avant de rajouter que la BD « reflète juste la vision colonialiste belge de l’époque et la manière dont on dessinait les Africains dans les années 1920-1930. Tintin au Congo n’a pas engendré des monstres parmi les enfants blancs, noirs, jaunes ou rouges qui l’ont lu. C’est comme si on accusait Tom et Jerry de prôner la violence quand ils s’envoient des enclumes à la tête! », a-t-il déclaré.

Mbutu Mondondo poursuit son action entamée en 2007 et réclame l’interdiction provisoire de la vente de Tintin au Congo. Pourtant bercé par de bonnes intentions, Tintin serait imprégné de l’idée que seul l’homme blanc peut montrer à l’homme noir le droit chemin. C’est face à ce constat que la polémique perdure autour de cette bande dessinée.

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