« Un soir à Montparnasse », spectacle musical pour années folles

Au théâtre du Lucernaire, « Un soir à Montparnasse », spectacle musical conçu par Hélène Delavault et Vincent Colin, fait revivre les années folles de Montparnasse en mêlant textes des intellectuels de l’époque et chansons de cabaret.

Après la guerre 14-18, c’est l’euphorie. A Paris, l’effervescence intellectuelle se déploie dans les ateliers et les cafés de Montparnasse. Poètes, artistes peintres, musiciens, surréalistes et dadaïstes s’y rencontrent et inventent ensemble l’art du XXème siècle.

Cadavres exquis de textes
La scène offre au regard un atelier d’artiste, table peinturlurée, pinceaux et cendriers de rigueur, ainsi qu’un piano. De truculents personnages y jouent le Montparnasse d’antan, le Montparnasse, las, d’il y a longtemps.
Philippe Blanchet campe un intellectuel à béret et écharpe tel Aristide Bruant, déclamant les textes acides et déphasés des poètes surréalistes et dadaïstes, qui refont le monde à l’envers. Les langues de Tristan Tzara, Robert Desnos, Louis Aragon mais aussi d’Ossip Zadkine, Max Ernst se mâtinent. C’est l’époque des Champs Magnétiques d’André Breton. Il y a, bien sûr, les textes engagés. André Breton, Paul Eluard, René Char, Louis Aragon et d’autres signent un pamphlet  Ne visitez pas l’exposition coloniale tandis qu’Antonin Artaud s’élève contre les lois iniques qui régulent la toxicomanie et revendique « le droit imprescriptible du toxico à ce qu’on lui foute la paix. ». « Je suis seul juge de ce qu’il y a en moi », vocifère t-il.
Mais l’humour et la gaudriole sont également à l’honneur. Ainsi Marcel Duchamp se demande s’il faut mettre la moelle de l’épée dans le poil de l’aimée ? Vaste question… Robert Desnos clame : « Maudit ! Soit le père de l’épouse du forgeron qui forgea le fer de la cognée avec laquelle le bûcheron abattit le chêne dans lequel on sculpta le lit où fut engendré l’arrière grand-père de l’homme qui conduisit la voiture dans laquelle ta mère rencontra ton père. »
Enfin, les mesquineries de ce cénacle sont également évoquées : les dessous de Parade, ballet russe de Massine, auquel collaborent Erik Satie, Pablo Picasso et Jean Cocteau ; les mythiques bagarres des soirées folles de Desnos…
La virtuosité du verbe revivifie ces années, qui à n’en pas douter, furent folles.

Et puis, la chanson
Hélène Delavault, chanteuse lyrique premier prix du Conservatoire national supérieur de musique en 1977 et ancienne élève de la Juilliard School de New-York, interprète quelques uns des titres phares de l’époque : « Mon homme » de Mistinguett, « Parlez-moi d’amour » de Lucienne Boyer. Ces intermèdes musicaux rappellent la gouaille des cabarets de l’époque.

Mais où sont passés…
La pièce se clôt sur cette question-litanie : où sont passés Tzara, Derain, Marie Laurencin, Mondrian, Aragon, Radiguet, Léger, Soutine, Man Ray, Brancusi, Modigliani, Gala, etc. ?
En ce moment, ils hantent le Théâtre du Lucernaire de leur verve révoltée…

Un soir à Montparnasse
Au cabaret des années folles
Spectacle musical conçu par Hélène Delavault et Vincent Colin

Jusqu’au 23 janvier 2010
Théâtre du Lucernaire
53, rue Notre Dame des Champs, 75006 Paris
Du mardi au samedi à 20h, les dimanches à 17h
Durée : 1h10
Tarif : de 20 à 33 euros.


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