Drame au lycée de Vitry-sur-Seine : le bras de fer entre l’Education nationale et des enseignants en colère

Après l’agression d’un élève de 14 ans dans l’enceinte du lycée Adolphe Chérioux à Vitry-sur-Seine, les professeurs ont décidé d’exercer leur droit de retrait et de ne pas reprendre les cours. Mais le ministre de l’éducation nationale ne l’entend pas de cette oreille, et a exhorté les enseignants en colère à reprendre le travail.

Mardi dernier, sept personnes ont fait irruption dans l’établissement et s’en sont violemment pris à un élève, l’ont roué de coups et l’ont finalement poignardé à la cuisse. Un coup de feu a également été tiré en l’air pendant l’agression. L’élève a été hospitalisé mais son état n’est pas jugé préoccupant. Six personnes, donc cinq mineurs, ont été arrêtées et placées en garde à vue. D’après le parquet, des «affrontements» et un «règlement de comptes» entre deux bandes rivales de Thiais et de l’Hay-les-Roses, deux communes du Val-de-Marne seraient à l’origine de l’agression.

Après ce drame, qui allonge encore la liste des violences perpétrées dans des écoles, les professeurs du lycée ont décidé, en signe de protestation et pour faire entendre leurs revendications, d’exercer leur droit de retrait le lendemain de l’incident. Qu’est-ce que le droit de retrait? Lorsqu’un salarié est confronté à un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé, il a le droit d’arrêter son travail et, si nécessaire, de quitter les lieux pour se mettre en sécurité. Cela ne s’assimile donc pas à une grève, pendant laquelle les enseignants ne sont pas rémunérés. Les profs de Vitry-sur-Seine n’ont pas repris le travail depuis mercredi dernier. Ils réclament le doublement du nombre de surveillants (de 11 à 22) pour cet établissement qui compte 1500 élèves. Selon eux, un drame comme celui-là aurait pu être évité si les conditions de sécurité et d’encadrement avaient été assurées. Or, ils dénoncent à ce jour « l’insécurité endémique » qui règne dans l’enceinte même du lycée.

Ils ont été reçus au rectorat de Créteil, où on leur a proposé de porter le nombre de surveillants à 14 et d’affecter de manière permanente six médiateurs de la vie scolaire dans l’établissement. Le recteur avait aussi jugé «urgent» d’installer une clôture de sécurité autour du lycée situé dans un parc public de 36 hectares dont toutes les entrées ne peuvent être surveillées. Mais les professeurs ont jugé ces dispositions insuffisantes, et réclament plus. Tant qu’ils ne se sentiront pas en sécurité, ils refuseront de reprendre les cours. Interrogé ce matin sur France info, le proviseur du lycée a déploré la proposition insuffisante de 14 surveillants supplémentaires : « Avec les suppressions de postes de ces dernières années, il s’agit juste d’un rétablissement » Il a également expliqué que son établissement n’avait plus de salle de permanence surveillée. « Les élèves n’ont pas d’autre choix que de rester dans les couloirs entre les cours. Cela crée des tensions que des surveillants ne sont pas là pour apaiser. »

En prolongeant leur mouvement, ils engagent un bras de fer avec Luc Châtel, ministre de l’Education nationale, qui leur a expressément demandé de retourner auprès de leurs élèves. « Je crois qu’aujourd’hui, il faut surmonter son émotion et la place des professeurs est à mon sens davantage dans les classes auprès des élèves », a-t-il déclaré hier sur France 5. Le ministère a décrété qu’à partir de vendredi, les arrêts de travail des enseignants seraient considérés comme une grève donc non rémunérée, ce contre quoi les principaux intéressés protestent.

Malgré la demande du ministre, les professeurs sont décidés à ne pas reprendre les cours et pendant ce temps, les 1500 élèves sont livrés à eux-même, en l’absence de tout cours.


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