Loi islamique en Libye: un pas de plus vers l’éloignement de la démocratie ?

Ce dimanche à Benghazi, c’était l’effervescence sur la place centrale de la ville d’où est parti le mouvement de contestation qui a abouti à la chute, puis à la mort du dictateur Mouammar Kadhafi. Fêtant la libération de leur pays, les Libyens se sont réunis pour célébrer leur victoire. Au milieu du discours ponctué des « Allah Akbar », le président du Conseil national de transition (CNT), Moustapha Abdeljalil, a affirmé que la législation du pays serait fondée sur la charia (loi islamique).

« En tant que pays islamique, nous avons adopté la charia comme loi essentielle et toute loi qui violerait la charia est légalement nulle et non avenue. » Il a pris comme exemple la loi qui sous le régime de Mouammar Kadhafi, interdisait la polygamie et autorisait le divorce. Avec la charia, elle sera abolie. Par ailleurs, Moustapha Abdeljalil a annoncé la création de banques islamiques.

Mais ce n’est pas une surprise car déjà en septembre, Moustapha Abdeljalil avait proclamé : « Nous devons instaurer un Etat de droit et de prospérité dans lequel la charia est la principale source réglementaire. » L’ancien ministre de la Justice de Mouammar Kadhafi, qui avait rejoint la rébellion dès le mois de février, s’était voulu rassurant : « Nous n’accepterons aucune idéologie extrémiste de droite ou de gauche. Nous sommes un peuple musulman, à l’islam modéré, et nous allons rester sur cette voie. » De ce fait, il a voulu rassurer ses soutiens étrangers en affirmant que les libyens étaient des « musulmans modérés ». «Lorsque j’ai cité comme exemple la loi régissant le mariage et le divorce, j’ai juste voulu donner un exemple (de lois allant à l’encontre de la charia) car la loi (actuelle) n’autorise la polygamie que dans certaines conditions. Or la charia, à l’appui d’un verset du Coran, autorise la polygamie» sans conditions.

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L’introduction de la charia dans ce pays qui combattait une dictature au nom de la liberté et de la démocratie inquiète. L’Union européenne a déjà appelé au respect des droits de l’homme. Paris avait salué « le courage, l’unité, la dignité » du peuple libyen, lundi, le porte-parole du Quai d’Orsay, Bernard Valero, déclarait : « Nous serons vigilants sur le respect des droits de l’homme et des principes démocratiques, notamment la diversité culturelle et religieuse et l’égalité des hommes et des femmes auxquels la France est indéfectiblement attachée. » Il poursuivait  « La Libye vit aujourd’hui une période de transition qui suscite un immense espoir. C’est à la suite d’élections libres que seront déterminées les lois de la future Libye. Il appartient au peuple libyen de définir les principes de sa démocratie. » 

Dans la Libye post-Kadhafi, les pays occidentaux semblent sceptiques mais c’est pourtant eux qui ont soutenu le CNT. C’est désormais au peuple libyen de se construire sa démocratie. La charia, déjà appliquée dans d’autres pays arabes, ne va pas de pair avec le non-respect de la démocratie. 


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