L'histoire d'un buzz pas comme les autres

Le dernier buzz en date, sur la planète Internet, n'est ni une révélation musicale, ni une bonne blague de potache. C'est l'une des ces images violentes que l'on prend un certain plaisir malsain à regarder au cinéma, mais qui nous font froid dans le dos quand les faits sont réels. La vidéo de l'agression du passager d'un bus RATP par des jeunes.

Si vous n'avez pas été parmi les milliers de personnes qui l'ont visionnée en quelques heures, le lundi 6 avril, vous en avez très certainement entendu parler. Difficile de passer à côté d'un tel buzz, car après avoir provoqué un raz-de-marée sur la planète Internet, l'info a été relayée par tous les grands médias (TV, radio, presse), en l'espace de quelques jours.

Les faits
Ils remontent au 7 décembre 2008, dans un bus noctilien de la RATP. Un jeune homme, à qui des jeunes gens subtilisent son portefeuille, tente de le récupérer et se fait rouer de coups pendant de longues minutes. Certains passagers tentent d'intervenir et se font cogner dessus en retour, d'autres ne bougent pas ou s'enfuient dès qu'ils le peuvent. Quant au chauffeur de bus, il appelle les secours après un certain moment, mais ne réagit pas outre mesure.

Le buzz
Il date du lundi 6 avril, jour où la vidéo apparaît mystérieusement sur Internet et fait le tour des sites et des blogs, soulevant à chaque fois une vague de commentaires, qui contraint les hébergeurs à fermer l'espace de libre expression. Et ce n'est pas tant la quantité de commentaires qui est en cause, mais la nature des propos. Le message de la rédaction du Post.fr est assez explicite : « Afin d'éviter tout propos à caractère xénophobe, injurieux ou diffamatoire, les réactions à cet article ont été suspendues. »

L'affaire
Rapidement, la justice se saisit de cette affaire et révèle que la vidéo a été mise en ligne par un policier sur son profil Facebook, le 17 décembre 2008 (soit 10 jours après l'agression), avant d' »exploser » sur le Web, quatre mois plus tard. Le problème. Le policier a, depuis, été suspendu de ses fonctions et encourt des poursuites pénales pour violation du secret professionnel et du secret de l'enquête. Interrogé sur les motifs de son acte, le police a déclaré : « J'ai fait cela pour faire voir à mes amis dans quelles conditions on travaillait ».

La morale de l'histoire
Si toutefois morale il y a. Car il est bien facile de disséquer les faits de manière chirurgicale. Mais quand on se retrouve face à la vidéo (qui n'est désormais visible que sur des plateformes vidéo étrangères, tel que le russe RuTube, sous le nom « Chasse au Blanc dans un bus RATP »), quand on voit la violence et la lâcheté humaines, il est bien difficile de rester de marbre. Le malaise monte, jusqu'à bouillir en un sentiment de révolte (« Pourquoi personne ne parvient à les maîtriser? »), avant de se muer en ce point d'interrogation majeur: « Qu'aurais-je fait? ». Et quand des xénophobes (parmi lesquels le blogueur Fdesouche) en profitent pour reprendre les faits et alimenter la haine raciale, on est en droit de se demander où va le monde.


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