La fin justifie les moyens ?

Pierre Bergé, l’homme qui vient de reverser entre 3 et 4 millions d’euros à Sidaction grâce à la vente de ses objets, s’est insurgé contre le populisme du Téléthon, suscitant une belle polémique. (Voir la vidéo ici).

« Cent millions pour le Téléthon, ça ne sert à rien. Ils ont trop d’argent. Il y a un téléthon aux Etats-Unis mais le produit de ce Téléthon est partagé entre plusieurs organisations. Le Téléthon parasite la générosité des français (…) d’une manière populiste : en montrant des enfants myopathes, en exhibant le malheur des enfants et je trouve tout cela inadmissible. »

Un détail qui n’en est pas un : à France Info, où furent proférées ces assertions, personne ne rebondit. Un des journalistes, sans commentaire aucun sur ce qui venait de se dire, enchaîna sur l’exposition du salon de Pierre Bergé et d’Yves Saint-Laurent au Grand Palais.
Que signifie cette absence de réaction « à chaud » ? Peut-être, tout simplement, qu’il n’y a pas matière à controverse. Car que le Téléthon verse généreusement dans le populisme ne relève pas de la critique mais de la constatation. Et que les fonds levés pourraient être mutualisés, du bon sens.

Mais comme cette démagogie, qui exonde des écrans, sert une noble cause, on la légitime.
Et comme Pierre Bergé est le seul à oser s’élever contre cette représentation abjecte que véhicule le Téléthon pour faire pleurer dans les chaumières, on le lapide sur la place publique.

Car enfin, le Téléthon détruit à lui seul des années de lutte contre le misérabilisme dans la collecte de fonds, collecte qui idéalement, devrait se faire de manière raisonnée, sans que les associations n’aient à exhiber des enfants malades. Certaines d’entre elles l’ont très bien compris et communiquent sur des valeurs positives. Par exemple « Mouvement pour les Villages d’Enfants », association qui accompagne des enfants en rupture familiale, ne montrent pas des enfants battus ou en pleurs mais des enfants qui s’en sortent. Budget annuel : 42.58 millions d’euros…

Il est inutile de mettre en exergue ces réalités au demeurant connues. Les mettre en avant revient à sacrifier à la pulsion voyeuriste. Comprenons-nous bien : la lutte contre les myopathies est nécessaire et noble, mais donner à voir des enfants souffrants pour parvenir à financer cette lutte est malsain.

Comment espérer en un monde devant de telles images ? Donner, c’est bien, réfléchir à quelles représentations on cautionne, c’est mieux. Soutenons plutôt les associations qui communiquent de manière déontologique et ne sollicitent pas les émotions primaires des donateurs mais les exhortent plutôt à réfléchir et à espérer en un monde meilleur.


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