La Grande Sophie tout en acoustique

Son dernier album, La suite… (nouvelle édition), était sorti en 2006. La Grande Sophie revient en ce début d'année 2009 avec un nouvel opus, Des vagues et des ruisseaux, aux couleurs acoustiques et organiques, qui invitent sans nul doute à l'écoute attentive et à l'évasion. Différente, la Grande Sophie paraît heureuse lorsqu'elle évoque son disque. Celui de la maturité ? Oui et non. « Heureusement qu'avec les années, je ne régresse pas », dit-elle dans un éclat de rire. Une œuvre dans la logique des choses, dont la pureté épate, enivre même…

Pourquoi avoir mis si longtemps à sortir ce nouvel album ?
J'ai beaucoup enchaîné depuis quelque temps entre mes tournées et mes deux précédents disques. Il n'y a pas eu de coupure au milieu. J'avais donc besoin de prendre un peu de temps pour moi. Je n'ai pas vraiment fait les choses dans l'ordre parce que, après la tournée pour mon dernier album, je suis revenue pour une deuxième tournée en solo. C'était important que je le fasse et c'était vraiment le bon moment par rapport à l'album qui allait suivre. Avec cette tournée solo, je suis entrée dans une phase de recherche qui m'a permis de retrouver mon public dans des salles plus intimes, puisque j'avais terminé ma précédente tournée au Zénith. J'ai complètement réarrangé mes morceaux, ce qui m'a donné beaucoup de nouvelles idées. C'est pour cela que je suis rentrée en studio assez sereine.

Tu viens donc de la scène. Préfères-tu les petites ou les grandes salles ?
Avant, je pensais que je préférais les petites salles, jusqu'à ce que je fasse le Zénith. Je me demandais si cela allait me plaire et j'ai été très surprise. Je m'y suis éclatée. On prend des plaisirs différents en fonction du nombre de personnes qui viennent nous voir en concert. Dans chaque lieu, je trouve mes points de repère. Je n'ai pas encore joué seule à Bercy, mais j'aurais envie de le tenter. C'est important pour moi de voir les gens et d'avoir un contact avec mon public, c'est ce qui fait que j'aime les petites salles. Mais les grandes salles, c'est quand même grisant.

Ton nouvel album est beaucoup plus acoustique que les précédents…
Sur cet album, j'ai voulu changer plein de choses. Déjà, je voulais une vraie place pour la voix. C'était important pour moi d'arriver à tenir ce défi car lorsque je rentre en studio, je me dis toujours que je veux quelque chose d'épuré et de sobre, et je n'arrive pas forcément à tenir. Les idées arrivent et l'on empile les pistes. Mais cette fois, j'ai respecté mon idée de départ. J'avais aussi envie d'aller un peu plus dans l'émotion qui est une facette que j'avais peu abordée avant. Je n'avais jamais osé par pudeur. J'avais aussi besoin d'une énergie plus posée. Tous mes albums sont différents, mais celui-ci est peut-être encore plus particulier.

Peux-tu expliquer le titre de ton album, Des vagues et des ruisseaux ?
J'ai mis un certain temps à trouver le titre du disque. Et j'ai eu un déclic. C'est le titre de l'une de mes chansons et je trouvais que cela me représentait parfaitement. J'avais l'impression que les vagues, c'était moi sur scène, et que les ruisseaux, c'était ce que j'arrivais à poser maintenant. C'est un mélange très imagé car cela représente aussi les hauts et les bas de la vie. Je trouvais que cela faisait partie des thèmes que j'aborde assez régulièrement. Dans cet album, les relations des uns et des autres, arriver à mettre des mots sur des impressions, sont quelque chose de récurrent. Le nom représente bien l'album, et au niveau de la couleur, c'est très boisé, voire acoustique et organique. Il y a de la contrebasse que je n'avais jamais utilisée par exemple.

Tu as choisi de travailler avec Edith Fambuena…

Je pensais à elle depuis un certain moment, je l'avais d'ailleurs déjà invitée sur scène. Elle chante, elle compose, et elle a travaillé en tant que réalisatrice avec Étienne Daho, Alain Bashung, Guillaume Cantillon, Pauline Croze… C'est l'une des rares artistes françaises à être aussi complète. Et c'était l'une des seules à pouvoir se mettre réellement à ma place à chaque instant et qui pouvait me comprendre. Elle travaille avec la maïeutique, c'est-à-dire qu'elle est là pour faire accoucher les autres. Beaucoup de choses venaient de moi et elle me tendait des perches pour les améliorer. Du coup, j'ai été très active en studio, aussi bien avec les musiciens qu'avec mes arrangements. Elle m'a vraiment mise en confiance.

Pourquoi avoir choisi de livrer certains morceaux lors de ta tournée acoustique, avant même qu'ils soient sur un album ?

Parce que je suis très impatiente (rires). Dès que je termine un titre, j'ai envie de le jouer et qu'il existe. On essaye de me calmer, mais je suis comme ça, un point c'est tout. J'écris beaucoup, donc j'arrive à faire des choix. Il y en certains qui sont destinés à la scène et qui n'iront pas avec la couleur de l'album. Mais peut-être qu'ils iront avec la couleur d'autres albums. En attendant, je continue de les jouer.

Tu ouvres ton album sur la chanson Pardonner. Pourquoi ?
C'est la dernière que j'ai écrite et je lui laisse la première place. Je trouvais que le violoncelle au début du morceau était une belle ouverture pour l'album.

Tu as écrit une valse. Comment t'est venue l'idée ?
Cette chanson a une histoire par rapport à ma tournée solo. Ce n'était pas une chanson à la base. Elle est arrivée car je voulais présenter mon équipe sur une musique entêtante, quelque chose à trois temps. Je finissais mes concerts comme ça et comme j'aimais bien cette ritournelle un peu nostalgique, j'ai voulu la mettre sur mon album. Il s'est passé plein d'événements, j'ai notamment perdu mon éditeur avec lequel je travaillais depuis dix ans. Il est parti avant d'avoir pu écouter mon album. Tout est parti de là, et je me suis retrouvée à écrire La valse des adieux.

Tu clos l'album sur une reprise de Barbara…
C'est une autre histoire. Je ne pensais pas chanter du Barbara, c'est un tel monument pour moi. J'ai rencontré une journaliste et à la fin de l'interview, elle me dit qu'on lui a proposé de faire une conférence chantée sur Barbara, et qu'elle ne le ferait que si j'acceptais aussi. Elle m'a collé la pression (rires). J'ai réfléchi et je me suis mise à réécouter Barbara. J'ai pris ma guitare et j'ai sélectionné six titres. J'ai travaillé pour me les approprier. J'ai accepté de faire la conférence chantée à la Rochelle. J'ai trouvé que le titre, Dis quand reviendras-tu, collait parfaitement à la couleur de mon album. Je ne me suis donc pas posé de question.


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