INTERVIEW : MOODOÏD, L’OVNI

Samedi dernier, Pablo Povani se produisait avec son groupe Moodoïd sur la scène du parvis de l’hôtel de ville au Festival Fnac Live. L’occasion pour Campusmag de rencontrer le leader de ce groupe venu d’ailleurs. Tout juste sorti de scène, le visage maquillé de paillettes, Pablo nous plonge dans l’univers joyeux et psychédélique qu’est Moodoïd.

Ashley Tola : Comment s’est lancée l’aventure Moodoïd ?

Pablo Povani : Quand j’ai fini mes études, je suis parti en stage très loin de Paris et je me suis retrouvé pour la première fois tout seul. J’avais plein de groupes avant mais j’étais souvent musicien. Et là, je me suis dit « Putain c’est quand même fou j’aimerais bien pouvoir chanter tout seul avec une guitare.» J’ai trouvé une guitare là-bas et je me suis mis à écrire plein de chansons. Au bout de 5 mois, je me suis retrouvé avec tellement de chansons que je me suis dit « c’est fou il faut que je les joue ces chansons je n’en peux plus ». Tous les jours, je rentrais de mon stage et je jouais ces chansons en boucle. A la fin de mon stage, je suis revenue à Paris et j’ai cherché des musiciens.

AT : Si je te dis que ta musique est hallucinogène. Tu comprends le parallèle ?

PP : Totalement ! En effet, il a quelque chose de très aérien, très large une sorte de grand paysage mou où on pourait s’allonger nu avec des centaines de gens… (rires)

AT :  Quelles sont tes inspirations ?

PP : A la base, j’ai fait des études de réalisateur, j’ai écrit beaucoup de court-métrages. Je suis inspiré par le mouvement surréaliste, l’absurde, le burlesque aussi par le théâtre comme Ionesco. Ces personnes ont crée un univers que je trouve très poétique et plein de non sens. Avec Moodoïd, il y a cette volonté de créer des petites vignettes. Il y a vraiment ce désire de faire de Moodoïd une sorte de totale liberté, création et juste un endroit où on s’amuse comme des enfants dans une salle de jeux.

AT : Et du côté de la musique, qu’est-ce qui t’inspires ?

PP : Je suis bien content d’être en 2014. Je trouve qu’il y a plein de choses intéressantes qui se passent. Je suis très touché par la musique de Connan Mockasin ou des groupes de Brooklyn comme Dirty Projectors, MGMT. Ces musiques m’inspirent beaucoup. Par exemple, ce que j’aime chez MGMT c’est qu’ils sont très libres et ils font ce qu’ils veulent. Ils n’ont aucune contrainte. C’est ce que j’aime chez eux, il y a quelque chose de très surprenant, très soignée. On sent que ce sont des travailleurs. Il y a ce désire d’être concentré et de s’appliquer et surtout de faire ça le mieux possible.

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AT : On range souvent Moodoïd dans le courant psyche-pop comme Tame Impala, qu’est-ce que tu en penses ?

PP : Il y a une partie de Moodoïd qui est proche de ce mouvement là, mais en même temps avec le disque que j’ai fait j’ai envie de montrer une certaine ouverture et que Moodoïd ce n’est pas que ça. C’est un truc beaucoup plus vaste parce que moi ce que j’écoute c’est beaucoup plus varié que ça. J’ai envie que Moodoïd ça soit quelque chose sans code, sans genre, sans foi ni loi (rires). Moodoïd c’est la liberté au sens de naïveté. J’écris d’une manière très spontanée sans jamais me dire que je dois faire un couplet ou un refrain. Ce que je fais ce sont toujours des étapes de ma vie.

AT : Pourquoi avoir choisi Moodoïd comme nom de scène ?

PP : Je voulais que le groupe s’appelle émotions bizarres ou sentiments étranges. Evidemment, on n’allait pas écrire émotions bizarre ou sentiments étranges sur les affiches. (rires) Du coup, je voulais créer un mot qui récapitule ça. Donc j’ai choisi le mot mood (sentiments en anglais ndlr) et –ooïd comme bizarroïde, astéroïde tous les noms en –oïde qui sont incompréhensibles. Je trouve le nom simple, graphique et j’aime bien qu’il y ait que des ronds partout dans ce titre.

AT : Et quel est le rapport de Moodoïd  avec le public ? C’est une sorte de communion ? Un Woodstock revival ?

PP : Jusqu’à maintenant, on a une exposition très diverse. Du fait qu’on a fait beaucoup de premières parties comme pour Phoenix par exemple. On a aussi joué dans de grands festivals, dans des caves (rires), des péniches… En 6 mois, on s’est retrouvé à vivre ce qu’un autre groupe aurait pu vivre en 1 an ou 2 ans. Du coup, chaque expérience a été une phase d’apprentissage. A la fois c’est hyper euphorique puisque ‘à chaque fois on est hyper excité car c’est un nouveau contexte mais en même temps ça demande aussi une implication et une concentration énorme parce que tu ne sais jamais comment tu vas charmer le public. Nous pour l’instant c’est plus facile de le faire dans une salle de 100 personnes que dans une de 1000.

AT : Quel est ton concert préféré ?

PP : Notre premier concert au Trabendo quand on a sorti notre EP, on ne savait pas qu’il y avait du monde qui allait venir. On s’est retrouvé dans un truc comme ça : « mais qu’est-ce qui se passe ? » C’est fou pourquoi il y a des gens qui viennent nous voir. Les gens étaient très curieux et attentifs. Ils venaient comme si on arrivait d’une autre planète commme des OVNIS… (rires) Il y avait quelque chose comme ça de très intimidant, en même temps hyper émouvant et très joyeux.

AT : Comment as-tu rencontré les musiciennes de Moodoïd ?

PP : Ça été très long ! Ce n’est pas facile de trouver des musiciennes et je voulais absolument travailler avec des filles car je ne l’avais jamais fait. J’avais vraiment envie que Moodoïd soit une expérience nouvelle. C’est vraiment un contexte nouveau d’être seul avec des filles. ça ne m’était jamais arrivé. Tout est très différent. Cela crée un nouveau contexte de travail et un autre contexte de vie puisqu’on part en tournée ensemble, on apprend à se connaître. Ça change ma personnalité, quand je suis avec mes copains je suis totalement différent que quand je suis entourée de filles. Peut-être que je suis plus chic, plus élégant, plus classe. Je suis dans un rapport de retenu. Vu que je suis le seul garçon dans le groupe, j’ai envie d’être le chenapan, l’élément perturbateur celui qui chamaille, le taquin ! Du coup, elles m’envoient chier et ça m’amuse vachement. C’est enfantin et ça me correspond bien. En même temps, avec chacune d’entre elles j’entretiens une sorte de rapport privilégié. Ça crée une sorte de contexte où je me sens hyper bien !

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AT : Quels sont les futurs projets de Moodoïd ?

PP : La sortie de notre premier album Le Monde de Möo en Aout. C’est le gros projet de notre année 2014. Notre  prochaine est avec Damon Albarn (chanteur du groupe Blur et Gorillaz) au festival Les Inrocks. Ça va être assez impressionnant et génial ! Ça sera aussi la première fois qu’on présente notre disque à Paris. Sinon, on démarre notre tournée à partir de la rentrée.


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