La Religieuse de Diderot au théâtre du Ranelagh

Dans le cadre de son festival consacré à Diderot, le théâtre du Ranelagh présente La Religieuse, roman de l’encyclopédiste Denis Diderot. Une mise en scène de Nicolas Vaude d’après une adaptation de Christelle Reboul et Marie-Laurence Tartas.

Suzanne Simonin est envoyée au couvent pour étouffer le scandale de sa naissance hors mariage. Contrainte par sa mère de prononcer ses vœux, elle rejoint un couvent où elle devient très vite la cible de moqueries et d’humiliations stimulées par la mère supérieure. Avec l’aide de l’avocat Manouri elle parvient à changer de couvent mais cette deuxième maison se révèle aussi insupportable que la première pour d’autres raisons.

La Religieuse n’est pas à proprement parler un pamphlet contre la religion, Suzanne est d’ailleurs croyante. Teinté d’anticléricalisme le texte repose d’abord sur le paradoxe qui consiste à envoyer des jeunes filles de force au couvent. Avant la Révolution française et dans une société exclusivement chrétienne, l’anticléricalisme ne se manifeste que rarement, dans des textes de toute façon promis à la censure.

Dieu merci peu de doutes qu’aujourd’hui les couvents n’ont rien de commun avec celui de La Religieuse ! Pour s’en convaincre il faut voir le très beau documentaire de Philip Groning, Le Grand Silence. Pendant six mois l’auteur a superbement filmé les occupants du monastère de la Grande Chartreuse à côté de Grenoble. Difficile d’imaginer que ces hommes puissent vivre ici contre leur gré tant l’engagement y est total !

Christelle Reboul qui joue Suzanne est très juste (on la préfère au théâtre que sur TF1 !). C’est un vrai bonheur que de l’entendre. Son approche du personnage n’est pas intellectuelle, le corps vibre et c’est tout à fait entier. Le comédien Frédéric Andrau est lui aussi très bien, il a un beau charisme et une sincérité touchante. En revanche la mère supérieure est décevante (Marie-Laurence Tartas). Sous ses airs de vielle matrone elle est un peu ridicule.

Incontestablement il y a un beau travail de mise en scène qui a pour point de départ le texte et comme point d’arrivée la lente décrépitude de Suzanne. Enfin il faut saluer la prestation de Christine Plubeau à la viole de gambe, très émouvante.

 

Jusqu’au 31 décembre au théâtre du Ranelagh. 1h15 sans entracte.

http://www.theatre-ranelagh.com/

 

 


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