Ravi Shankar : le sitar pleure son maître

Le nom Ravi Shankar sonne mystérieusement aux oreilles des profanes. Mais, les aficionados de la musique indienne connaissent la légende de Shankar, qui est au sitar ce que  Django Reinhardt est à la guitare manouche. Ce « prophète » brahmane – l’une des plus hautes castes hindoues – né en 1920 dans la ville sacrée de Bénarès, sur les rives du Gange, compte parmi ses disciples quelques-uns des musiciens occidentaux les plus illustres : les Beatles, Yehudi Menuhin, John Coltrane,…

Mercredi 12 décembre. Hôpital de San Diego (Etats-Unis). A 92 ans, Ravi Shankar décède des suites d’une intervention chirurgicale. Papa de la chanteuse de folk Norah Jones et de la sitariste Anoushka Shankar, le musicien indien souffrait de problèmes respiratoires et cardiaques.

Dans une déclaration publiée depuis New York via le compte Twitter de Shankar, sa veuve Sukanya et sa fille Anoushka ont expliqué que « sa santé était fragile depuis plusieurs années et jeudi, il a subi une opération qui pouvait potentiellement lui apporter un nouveau souffle. » « En dépit des meilleurs efforts des chirurgiens [qui devaient lui remplacer une valve cardiaque] et des médecins à son chevet, son corps n’a pas résisté à la fatigue de l’opération », ont-elles précisé.

Dès lors, les hommages au maître du sitar se sont multipliés. Le Premier ministre indien, Manmohan Singh, a su exprimer sa tristesse en évoquant la perte « d’un trésor national et d’un ambassadeur mondial de l’héritage culturel de l’Inde » avant de déclarer solennellement : « Une ère s’achève. »

Le luthier Sanjay Sharma, dont la famille fabriquait les sitars du musicien, se souvient de lui comme du « plus grand innovateur en musique. Il voulait révolutionner le sitar. Travailler avec lui demandait beaucoup d’exigence, mais chaque moment passé avec lui était un cadeau précieux de Dieu pour notre famille. »

Collectionneur de récompenses prestigieuses, – nommé par la France Commandeur des Arts et des Lettres, il a reçu le prix de la culture asiatique de Fukuoka, la Bhârat Ratna, trois Grammy Awards – le « parrain de la World Music » compte parmi ses enfants spirituels – et collaborateurs ponctuels – le Beatles Georges Harrison, le saxophoniste de jazz John Coltrane ou encore le violoniste et chef d’orchestre Yehudi Menuhin.

Depuis quarante ans, les sons envoûtants du sitar de Ravi Shankar irradient la musique populaire et fascinent les Occidentaux. Tantôt mystérieuse et méditative, tantôt échevelée comme possédée, sa musique construite en partie sur l’improvisation, est hypnotique, atemporelle, propice au vagabondage de l’esprit.

En septembre 2008, le musicien avait fait ses adieux aux scènes européennes… C’était dans la salle Pleyel à Paris.

Crédit photo : Ted Streshinsky/CORBIS


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