« La Route » : traversée des enfers

La Route est un film adapté du roman éponyme de Cormac McCarthy, The Road, prix Pulitzer 2007. Simple comme l’humain, admirablement joué, La Route plonge au plus profond du désarroi.

L’histoire est d’un pessimisme sans fond, de celui qui prend aux tripes, qui n’admet aucun espoir. Le monde a été ravagé par on ne sait quoi. La désolation règne parmi les arbres noirs et les terres stériles. La terre est devenue un infini camaïeu de gris que tranchent quelques vestiges de la société industrielle de leur géométrie implacable et titanesque. Quelques humains survivent dans ce monde dévasté. Certains se sont organisés en tribus cannibales et terrorisent les plus faibles. D’autres tentent de leur échapper, nomades que l’angoisse et la faim tenaillent. Que reste t-il de l’humanité quand on est livrés à ses semblables ? Quelque chose d’aussi fragile que les branches fantomatiques qu’arborent les arbres ravagés. Dans cet univers en souffrance, un père et son fils d’une dizaine d’années entreprennent le long chemin qui mène jusqu’à la côte, dans le sud. Prêt à sacrifier son fils à tout moment pour lui éviter d’être victime de viol, de torture ou de cannibalisme, ce père courage tente d’inculquer à son enfant les préceptes d’une morale qui n’a, a priori, plus lieu d’être dans ce monde où les altruistes se font manger.

On tremble toujours devant l’hypothèse d’un scénario post-apocalyptique, de peur du naufrage dans la science-fiction de bas étage. Mais l’apocalypse n’est qu’un prétexte pour La Route, à l’instar du film adapté du roman de Dominique Noguez Les derniers jours du monde.
Elle sert de toile de fond, cruelle certes, aux portraits psychologiques poignants d’un père et de son fils en lutte contre l’inhumain ou plutôt, le dramatiquement humain. Comment, jusqu’au bout, le ventre vide et en proie aux menaces, conserver son humanité ? Comment ne pas sombrer dans la cruauté aveugle?

Malgré la noirceur du synopsis, John Hillcoat parvient à ne pas verser dans le pathos. La Route ne sacrifie jamais au spectacularisme (ce pourrait être l’écueil avec un background de cannibalisme et de violence) mais accomplit tout de même une montée en tension remarquable. En outre, Viggo Mortensen est remarquable de justesse, sans fausse emphase.

Affolée et affolante, cette traversée ne vous laissera pas indemne.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=hbLgszfXTAY[/youtube]

La Route (The Road)
De John Hillcoat
Avec Viggo Mortensen, Kodi Smit-McPhee
1h59


« »

© 2024 Planete Campus. Tous droits réservés