Le Nouveau Festival à la Conciergerie : cabinet de curiosités de l’art contemporain

Jusqu’au 12 décembre, l’exposition « Le sort probable de l’homme qui avait avalé le fantôme » hante les murs de la Conciergerie. Première édition hors les murs du Nouveau Festival du Centre Georges Pompidou, ce cabinet de curiosités de l’art contemporain rassemble d’énigmatiques créatures dans un somptueux décor de château.

Sous la majestueuse voûte d’ogives de la salle des gardes de la Conciergerie, Christian Rizzo, chargé du projet, déploie sur une scène centrale, podium noir miroitant, diverses propositions sculpturales. Heureusement, quelques œuvres éparses dissimulées dans la pièce rompent la monotonie du dispositif. Une scénographie surprenante laissant libre le visiteur de déambuler, pas si serein que cela, parmi de curieuses sculptures dont le jeu narratif se prête particulièrement au lieu…

De l’inquiétante étrangeté
La lumière palpite. Quelques objets donnent l’impression d’une inquiétante étrangeté pour reprendre un terme freudien : d’un déplacement du quotidien dans une sphère angoissante. Une brosse à cheveux littérale arbore, au lieu de dents, des cheveux. Des souliers farfelus semblent appartenir à une excentrique maîtresse des lieux. Une boîte en plexiglas vide suggère que la vision ne fait pas le poids quand il est question de fantômes. L’homme en jogging de Daniel Firman, le visage caché, trouble de par le réalisme de sa présence.

Au Rocky Horror Picture Show
Moins suggestives, certaines propositions de quelques grands noms de l’art contemporain se disputent l’honneur d’être la plus acide. À quatre pattes, le nourrisson de Maurizio Cattelan est couvert d’une peau de chien et montre un visage hybride entre le canin et l’humain pendant qu’une colonie de fantômes sanglants et rigolards (Olaf Breuning et Bernard Willhelm) a commencé à envahir la salle. Des bottes de militaires figurent la croix gammée et un squelette médaillé contemple, hilare, le vide : Welcome to Absurdistan ! clame Gloria Friedmann sous l’œil narquois d’une petite fille à tête de singe, de bestioles en peau de croco et de vison. La sculpture de Steven Gontarski, Fourth Prophet, figure la mort, noire, immense, encapuchonnée et en pleine métamorphose, les membres disjoints par la fonte des formes. Sur une table de dissection rappelant les premières études anatomiques de la Renaissance, est allongé un être à la chair tuméfiée et aux excroissances difformes.

Un Festival, certes, mais Nouveau ?
La force visuelle des œuvres présentées est incontestable. Liées par la thématique, évidente, de la monstruosité, elles ne font cependant pas sens par rapport au projet de départ qui était de montrer « le corps dans tous ses états». On regrette aussi que les œuvres ne soient pas des créations inédites. Mais pour les amateurs de sculpture contemporaine, cette exposition est une plongée dans le jardin des délices…

Crédits photo : La Conciergerie © Didier Plowy

Le sort probable de l’homme qui avait avalé le fantôme
Jusqu’au 12 décembre 2009
La Conciergerie
2, bd du Palais, 75001 Paris
Gratuit pour les moins de 26 ans


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