Le sel de tous les oublis de Yasmina Khadra

Une écriture particulière, un style poétique qui alterne avec la noirceur et ce charme envoûtant font de ce livre une belle surprise. Le protagoniste, Adem Naït-Gacem, après s’être fait quitter par sa femme, décide de partir sur les routes, sans but aucun, désabusé il fuit son métier d’instituteur et son village. L’action se situe en Algérie, dans les années 1960, alors qu’elle vient tout juste d’accéder à son indépendance et qu’elle se cherche une identité. Les personnages qu’il croise sur son chemin sont habités de fantômes, meurtris par une guerre qui n’a pas fini de cicatriser ses plaies, par une administration qui entend les écraser. Et si beaucoup d’entre eux lui tendent la main, il se montre hostile face à toute aide. Puis vient le jour où il éprouve une certaine attirance pour une autre femme mais il sera emporté par sa noirceur et seul le sel de l’oubli l’en délivrera.
Ce livre est une réflexion sur notre propension à accepter les épreuves et notre volonté de nous en sortir. Ou pas.

En voici un extrait : « Peut-être qu’on ne se reverra plus. J’ignore quel type tu es, si tu te souviendras de moi ou pas. Je ne sais pas pourquoi tu te caches derrière ton ombre, ni qui tu fuis ni ce que tu pourchasses. Ce n’est pas mon problème, c’est le tien. Moi, je crois dans la bonté et dans l’amitié. C’est vrai, je me suis fait truander par pas mal d’énergumènes que j’ai nourris et hébergés, mais je ne renoncerai pas à ce que j’estime être la plus noble des vocations : être utile aux autres. Si mes obligés me rendent la pareille, tant mieux ; s’ils me mordent la main ou s’ils me font un bras d’honneur en guise de signe d’adieu, tant pis. L’essentiel est de continuer de croire dans la générosité des cœurs et de l’esprit. Adem leva la main pour mettre fin à une discussion qui commençait à l’horripiler au plus haut degré à cause de son caractère moralisant.


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