Free mobile : bientôt obsolète ?

A partir de 2018, et même de 2016 dans les zones denses, Free Mobile ne pourra plus exploiter le réseau d’Orange et devra donc déployer ses propres infrastructures pour acheminer le trafic de ses clients. Telle est la décision rendue par l’Autorité de la concurrence saisie en novembre par le gouvernement. Le quatrième opérateur mobile, qui a conquis 8% du marché en un an, parviendra-t-il à respecter les délais de mise en place de son propre réseau ?

Dans un avis rendu public lundi 11 mars, l’Arcep, l’Autorité de régulation des télécommunications, saisie par le gouvernement, a estimé que l’accord d’itinérance 3G qui permet depuis janvier 2012 au quatrième opérateur mobile français, Free, d’utiliser le réseau d’Orange, ne doit pas aller au-delà de son échéance fixée en 2018. Et cela, pour éviter toute dérive concurrentielle. « Elle [l’itinérance dont bénéficie Free, ndlr] doit rester transitoire, car elle présente des risques concurrentiels », a expliqué l’Autorité de la concurrence.

L’Arcep est allée encore plus loin en estimant que le bébé de Xavier Niel devrait se débrouiller tout seul dans les zones denses dès 2016. Autrement dit, laisser les « roulettes » d’Orange dans la cave. Elle a aussi proposé de limiter l’itinérance 2G dont profitent actuellement les clients de Free Mobile en la bornant dans le temps. « L’itinérance dont bénéficie Free a permis d’animer la concurrence dès son entrée sur le marché [en janvier 2012, ndlr] », a reconnu l’Autorité de la concurrence avant de confirmer qu’« elle doit cependant être bornée dans le temps. »

Depuis janvier 2012, Free a su profiter du réseau d’Orange – pour lequel il débourse la modique somme de 500-700 millions d’euros annuels – pour déployer ses propres infrastructures et conquérir un peu plus de 5 millions de clients en un an, soit environ 8% de ce juteux marché, resté des années aux mains du Cerbère Orange-SFR-Bouygues.

Et, selon le président de l’Arcep, Bruno Lasserre, « il existe un certain nombre de raisons qui peuvent inciter Free à [le] conserver ». C’est pourquoi, « il faut une intervention extérieure aux parties pour fixer les règles du jeu », estime-t-il, sommant l’Autorité de la concurrence de vérifier « sans attendre que Free est sur une trajectoire d’investissement compatible avec les obligations de sa licence », autrement dit qu’il respecte les délais de l’accord.

Qu’adviendra-t-il si Free Mobile ne parvient pas à se libérer du réseau d’Orange à temps ? Devra-t-il disparaître – aussi vite qu’il est apparu – du marché de la téléphonie mobile ? Sera-t-il contraint de fusionner avec l’un des trois opérateurs historiques ? C’est ce que craint le président de l’Autorité de la concurrence : « Repasser de quatre à trois acteurs serait un aveu d’échec et pourrait signifier le retour à une certaine forme de duopole ».

Photo : Xavier Niel, lors de la présentation de l’offre Free Mobile, le 10 janvier 2012. (c) PRM.


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