Débat sur l’identité nationale : les Français peu convaincus

A la question « estimez-vous que le débat sur l’identité nationale a été constructif ? » posée par un sondage Obea-InfraForces réalisé pour 20 minutes et France Info, 22,2 % des personnes interrogées ont répondu oui, 63,1% ont répondu non, tandis que 14,7 % ne se sont pas prononcées.

Une majorité de Français (53,4%) estime que le débat sur l’identité nationale a été lancé par le ministe de l’Immigration Eric Besson à des fins électoralistes. Les sondés semblent considérer que ce débat a été voulu par l’Elysée, et ce en vue des élections régionales qui se tiendront au mois de mars. Autrement dit, cette question qui a tant fait débat, et qui suscite encore polémiques et réactions diverses, ne prendrait sa source qu’à des fins politiques. 61% des gens jugent qu’il n’a pas permis de définir ce qu’était « être français », alors que cela en était le but officiel affiché par le ministère de l’Immigration. L’humoriste Jamel Debbouzze avait déclaré, à propos de la démarche du gouvernement : «Je comprends parfaitement la logique politicienne du débat à l’approche des régionales. La droite resserre l’étau pour draguer un certain électorat. A l’heure où les gens crèvent la dalle, je trouve ce débat inutile et dangereux».

Qu’en pense le principal intéressé? Eric Besson, interrogé sur France Info, sans remettre en cause la légitimité et l’intérêt de « son » débat est en revanche revenu sur la façon dont il avait été conduit depuis son lancement fin 2009. Il a en effet reconnu qu’il restait des efforts à faire pour que ce débat soit plus constructif et suscite l’intérêt des Français plutôt que la controverse ou pire l’indifférence. Il a regretté ne pas avoir mis en place un comité de réflexion composé d’intellectuels de gauche comme de droite, qui aurait pu orienter le débat de façon plus adroite et en s’inscrivant dans une vraie démarche d’échange constructif. Car ce débat sur l’identité nationale, dont on continue de chercher le véritable intérêt, n’a guère fait plus que nous donner en spectacle la gauche et la droite se déchirant sur les éternelles questions d’immigration et d’intégration sociale et nous proposer des polémiques stériles. Si Eric Besson a réfuté toute tentation électoraliste dans la conduite de ce débat, les buts recherchés et les mesures concrètes qui pourraient en découler sont encore assez flous pour une majorité de Français.

L’image négative attachée au ministère de l’Immigration depuis sa création en 2007 n’a pas aidé dans ce débat. La gauche comme de nombreuses associations ont reproché au pouvoir de centraliser ce débat, qui n’avait pour eux pas lieu d’être, sur les questions d’immigration et de l’Islam, afin de séduire une branche plus dure et traditionnelle de l’électorat de droite, à l’approche des élections. Or, d’après ce sondage, une grande majorité des Français (68,2%) estime que l’immigration n’est pas une menace pour l’identité nationale, et 58% des sondés sont favorables au droit de vote des étrangers non européens aux élections locales. Si Eric Besson n’est pas très populaire, 66,8 % des gens se sont malgré tout prononcés contre la suppression du ministère de l’Immigration. Les Français semblent donc sensibles à la question de l’immigration et de la façon dont la France peut gérer les problèmes d’intégration qui en découlent souvent. « On ne sort pas de trente ans de tabous sur la nation sans éclats. Ceux qui avaient des intérêts dans ce tabou, soit pour nier les problèmes – c’est le cas d’une gauche angélique -, soit pour conserver un monopole – c’est le cas d’une extrême droite xénophobe – se sont ligués », a déclaré Eric Besson.

Le ministre compte donc bien poursuivre ce débat sur des questions qui doivent, selon lui, être soulevées. Il a ainsi annoncé l’organisation d’un séminaire gouvernemental dans les prochaines semaines, à l’issue duquel le président Nicolas Sarkozy annoncera des décisions et des orientations.

A suivre…


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