Viande de cheval : on en a tous mangé au moins une fois ?

Le scandale de la viande de cheval retrouvée dans des plats cuisinés surgelés censés être composés de viande de boeuf, nous amène à nous demander depuis combien de temps les consommateurs se font berner. Etant donnée l’ampleur que prend cette affaire, aurions-nous été amenés à en consommer au moins une fois sans le savoir ?

Chaque jour apporte son lot d’informations et de flou à la fois. Nous vous avions expliqué les difficultés à remonter jusqu’au responsable de cette grosse arnaque alimentaire, tant la chaîne est complexe et fait appel à plusieurs sous-traitants qui nient chacun être responsables tout en pointant du doigt les autres.

Le phénomène révélé par l’Angleterre et l’Irlande est en réalité un problème européen qui pourrait bien trouver son origine dans la crise économique. À qui profite le crime ? On sait que l’industrie européenne de la viande génère des milliards d’euros, alors pourrait-il s’agir de magouilles orchestrées sur plusieurs territoires ? Faut-il chercher un ou plusieurs coupables ? La deuxième piste semble de plus en plus vraisemblable.

Elizabeth Dowler, professeur de diététique à l’université de Warwick au Royaume-Uni se pose la question suivante : « Comment se fait-il qu’il y ait eu de la viande de cheval dans des burgers de boeuf ? » Pour elle, ce problème sanitaire a émergé « parce qu’il faut qu’ils restent le moins cher possible » pour satisfaire les personnes touchées par la pauvreté. Les prix que l’on retrouve dans les supermarchés Tesco (l’équivalent de Leclerc en France) et chez Iceland (le Picard anglais) sont abordables en raison du mélange entre la viande de boeuf et la viande de cheval, car la première coûte plus chère que la seconde. Chez les enseignes précédemment citées, le burger coûte environ 15 centimes d’euros et les lasagnes surgelées Findus sont vendues environ 1,35 euros les 350 grammes. Le prix du steak de boeuf ayant augmenté, « pour faire baisser le prix de la viande, on la complète, et pas toujours par de bonnes protéines », a affirmé Elizabeth Dowler.

La pauvreté est donc le lit de ce type de trafic : « Les gens qui sont touchés sont ceux qui ont peu d’argent et beaucoup d’enfants. Ceux qui n’ont pas les moyens de se payer un burger de meilleure qualité ou d’aller chez un boucher et de faire eux-mêmes leur viande hachée, et qui réagissent aux offres du type 3 pour le prix de 2. C’est un problème de pauvreté », a-t-elle constaté.

Compte tenu de l’ampleur du scandale, il ne serait pas étonnant de trouver de la viande chevaline ailleurs que dans les plats surgelés et d’apprendre que les voyous européens de l’industrie de la viande sévissent depuis plusieurs années, ce qui nous laisse plus de chances (ou plutôt de malchances) d’avoir consommé ces produits chez nous ou dans des restaurants et cafétérias où la nourriture surgelée règne en maîtresse.

 

Crédits photo : archive AFP / Rémy Gabalda


« »

© 2024 Planete Campus. Tous droits réservés