Pourquoi le pape Benoît XVI démissionne-t-il ?

Benoît XVI redeviendra bientôt Joseph Ratzinger… A 85 printemps, le pape allemand, qui a bien conscience de ne plus être de la première fraîcheur, vient d’annoncer sa renonciation au pontificat. Quelle surprise ! S’il existe des précédents dans l’histoire de l’Eglise catholique, ceux-ci remontent à plus de 600 ans. Pourquoi le pape démissionne-t-il ?

Ce lundi 11 février, l’actuel souverain pontife de l’Eglise catholique qui, le 19 avril 2005, succéda à Jean-Paul II, a annoncé sa renonciation dans un discours prononcé en latin lors d’un consistoire au Vatican. Le 28 février prochain, Benoit XVI redeviendra donc Joseph Ratzinger.

Quelles sont les raisons d’une telle décision ? Dans la retranscription de son discours par le site web de Radio Vaticana, le Saint-Père explique s’être décidé « après avoir examiné à plusieurs reprises [sa] conscience devant Dieu ». A bientôt 86 ans, « je suis convaincu que mes forces, vu mon âge avancé, ne me permettent plus d’exercer correctement le ministère », avoue le pape, avant de poursuivre : « Dans le monde actuel, en proie à des changements constants, la vigueur du corps et de l’esprit sont aussi nécessaires pour gouverner la barque de Saint Pierre et annoncer l’Evangile ».

« Cette force, ces derniers mois, m’a manqué, et m’oblige à reconnaître mon incapacité à bien gérer le ministère qui m’a été confié », reconnaît-il avec une immense sagesse et une réelle humilité, demandant même « pardon pour toutes [ses] fautes ».

Une décision que saluent unanimement les leaders politiques et les chefs spirituels. Le président de la République française, François Hollande, a félicité « une décision humaine et une décision liée à une volonté qui doit être respectée ». « Nous respectons profondément la démarche d’un homme très estimable », a ajouté le ministre de l’Intérieur par ailleurs responsables des cultes en France, Manuel Valls.

Angela Merkel a de son côté applaudi « l’un des plus grands penseurs religieux de notre époque ». « Si le pape lui-même, après mure réflexion, en est venu à la conclusion que ses forces ne sont plus suffisantes pour exercer sa fonction, cela suscite mon plus grand respect », a poursuivi la chancelière allemande. Pour le premier ministre britannique, David Cameron, Benoît XVI « manquera comme chef spirituel à des millions de gens. »

L’annonce du pape n’est pourtant pas une réelle surprise… Et encore moins un « coup de tonnerre dans un ciel serein », comme le clame avec grandiloquence le doyen des cardinaux, Monseigneur Angelo Sodano. A l’aube des années 2000, le cardinal Ratzinger expliquait ainsi au Muenchner Kirchenzeitung, hebdomadaire du diocèse de Munich et Freising : « si le pape constatait qu’il n’arrivait absolument plus à remplir ses fonctions, alors il démissionnerait certainement. »

Dans un livre paru 2010, il prophétisait même: « quand un pape en vient à reconnaître en toute clarté que physiquement, psychiquement et spirituellement, il ne peut plus assumer la charge de son ministère, alors il a le droit et, selon les circonstances, le devoir de se retirer. »

C’est vrai, les renonciations de pape ne sont pas monnaie courante dans l’histoire de l’Eglise catholique. Qu’elles soient volontaires ou contraintes, elles se comptent sur les doigts de la main. Au XIe siècle, Benoît IX comme Grégoire VI partirent pour des raisons politiques. En 1294, le pape Célestin V, lui, démissionna au bout de cinq mois. Enfin, Grégoire XII abandonna le Saint-Siège en 1415, sous la pression des cardinaux, alors qu’une crise sans précédent opposait les deux Eglises – Orient et Occident – au Saint-Empire Romain Germanique.

Qui pour succéder au 265e souverain pontife de l’Eglise catholique ? La question sera sur toutes les lèvres et dans toutes les colonnes des journaux ces prochains mois. Mais, il faudra attendre le 31 mars pour y apporter une réponse. « Le pape a annoncé qu’il renoncera à son ministère à 20 heures, le 28 février. Commencera alors la période de ‘sede vacante’ (siège vacant) », a expliqué le porte-parole du Vatican, le père Lombardi.

Quant au pape « déchu », il devra mener « une vie de prière » loin des fastes du Vatican.

Crédit photo : Medichini/AP


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