L’Iran propulse un singe dans l’espace : test ou menace ?

Lundi, la République islamique d’Iran s’est vantée d’avoir envoyé un primate dans l’espace et de l’avoir ramené sur Terre sain et sauf. Un « grand pas » dans le politique spatiale de la République des Mollah, selon le ministre iranien de la Défense. La « prouesse scientifique » de Téhéran – qui a plus d’un demi-siècle de retard sur Moscou qui, le 3 novembre 1957, avait propulsé dans l’espace le premier être vivant, la chienne Laïka – peut sembler archaïque, voire absurde. Pourtant, elle fait trembler la communauté internationale.

« L’Iran a lancé lundi avec succès une capsule baptisée Pisgham (pionnier, ndlr) contenant un singe à 120 km d’altitude et à récupérer le chargement sans dégât », a crânement annoncé l’unique chaîne de télévision iranienne, Al-Alam, reprenant les propos de l’Organisation de l’industrie aérospatiale du ministère de la Défense. Quelle prouesse pour la République des Mollah, qui peut enfin rejoindre les Etats-Unis et la Russie anciennement communiste dans la « Guerre des Etoiles », course spatiale surannée datant de la Guerre Froide. Pourquoi la communauté internationale redoute-elle tant les avancées techniques de l’Iran ? Surtout, lorsque celles-ci débarquent avec cinquante ans de retard.

Les puissances occidentales ne peuvent pas simuler la surprise… Elles connaissaient les projets de Téhéran qui, dès le mois de janvier, avait annoncé sa volonté d’envoyer un primate dans l’espace. Avec une visée symbolique : la célébration du trente-quatrième anniversaire de la Révolution de 1979. La République islamique prévoyait d’envoyer un jeune capucin au sein d’une capsule de 285 kilos lancée par une fusée Kavoshgar (sonde) pour un vol balistique suborbital d’environ 20 minutes. Les Etats-Unis espéraient probablement que l’expérience spatiale de l’Iran échouerait comme en 2011. Cela n’a pas été le cas… Si l’on en croit le discours du ministre de la Défense plutôt évasif : les lieux de décollage et d’atterrissage de la capsule demeurent inconnus.

Les premiers visuels qui ont circulé dans les médias iraniens quelques heures après l’annonce du ministre de la Défense ne comportent ni date ni source. Ils montrent simplement un singe capucin installé dans une fusée Kavoshgar. Sa tête et ses épaules sont bloquées par un carcan en métal et des lanières retiennent ses membres. Des photos violentes pour nombre d’internautes occidentaux qui se sont empressés de dénoncer l’exploitation par les scientifiques iraniens d’animaux vivants. Visiblement, ils redoutent plus de voir d’innocents primates souffrir, que des missiles nucléaires franchir les frontières de leur pays.

singe

L’Iran propulse un singe dans l’espace.
© Iranian Space Agency

© Iranian Space Agency

© Iranian Space Agency

Ainsi, un internaute se lamente sur le site web du Monde : « Quand je vois cette photo, j’ai honte d’appartenir à la race humaine. Pauvre bête… » D’autres répliquent avec ironie : « Il y a longtemps que l’Iran a envoyé un singe dans l’espace : il s’appelle Ahmadinejad (le président iranien, ndlr). » Ou encore : « Il aurait mieux fait d’envoyer un Ayatollah ».

Les leaders internationaux, eux, n’ont que faire de l’état de santé du singe. Ils soupçonnent l’Iran d’utiliser ce test pour développer des lanceurs balistiques à longue portée capables d’emporter des missiles conventionnels ou nucléaires. La porte-parole du département d’Etat, l’américaine Victoria Nuland, a rappelé les « inquiétudes biens connues » des Etats-Unis face au « développement par l’Iran de technologies pour lancer des engins dans l’espace ». Elle a expliqué : « Tout lancement dans l’espace d’un engin capable de placer un objet en orbite est directement lié au développement de missiles balistiques de longue portée » avant d’insister sur la résolution 1929 du Conseil de Sécurité de l’ONU qui interdit aux Iraniens de « mener toute activité liée à des missiles balistiques capables de porter des armes nucléaires ».

Comment les Nations Unies répondront-elles aux nouvelles « provocations » de l’Iran ? La République islamique tente-t-elle réellement de développer militairement sa puissance nucléaire ? Ou souhaite-t-elle seulement envoyer un spationaute humain dans l’espace à l’horizon 2020 ? Dans ce cas, la propulsion du primate ne serait qu’un test.

Crédit photo : Iranian space agency.


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