Affaire Florence Cassez : la justice mexicaine a-t-elle libéré une criminelle ?

Après sept ans de détention à la prison de Tepepan au Mexique, Florence Cassez peut enfin goûter la liberté. Mercredi 23 janvier, la Cour Suprême a ordonné sa libération immédiate, reconnaissant qu’il n’y avait pas de preuves solides étayant les accusations d’enlèvements. Elle est attendue à Paris ce jeudi à 14h15.

Le 23 janvier restera une date mémorable pour Florence Cassez et ses proches. La première chambre de la Cour Suprême du Mexique a examiné hier la demande de la juge Olga Sanchez  sur l’annulation de la condamnation de la Française qui avait été jugée coupable d’enlèvements et qui devait donc purger une peine d’emprisonnement de soixante ans. La session publique couverte par plus de deux cents journalistes, a permis de reconnaître la violation des droits fondamentaux de la jeune femme et trois juges sur cinq ont voté pour sa libération qui a pris effet immédiatement. Son avion a décollé hier soir à 21h25 heure locale (4h25 à Paris).

Avant de rendre cette décision, plusieurs scénarios potentiels pouvaient être avancés : la libération immédiate,  l’annulation de la condamnation et le renvoi devant la cour d’appel, ou en cas de doutes des juges de la première chambre, un renvoi du dossier devant les onze juges de la plénière de la Cour Suprême. Les proches de Florence Cassez sont plus que ravis de la décision des juges. « Je suis folle de joie, j’ai encore du mal à y croire, d’un seul coup, c’est l’explosion de joie. Ma fille s’est battue, elle a gagné sa liberté, j’adore ma fille, elle est extraordinaire », a déclaré sa mère, Charlotte Cassez, qui a précisé que sa fille n’avait pas le moral et qu’elle avait très peur avant la décision des juges.

Condamnée en 2009 pour avoir participé à plusieurs enlèvements, Florence Cassez a toujours clamé son innocence et affirmé qu’elle ne savait pas que son petit ami, Israël Vallarta, qu’elle a fréquenté à peine quelques mois, faisait partie d’un gang.

La libération a été décidée après le constat des irrégularités de l’enquête. La télévision mexicaine avait diffusé les images de l’arrestation de la Française lors d’un raid policier qui s’est révélé n’être qu’une reconstitution que la télévision a voulu faire passer pour le véritable coup de filet contre le gang du Zodiaque.

Ezequiel Elizalde, enlevé pendant deux mois, ne partage pas la joie des proches de la jeune femme. Il a soutenu avoir entendu la Française lui demander : « Que préfères-tu que je te coupe ? Le doigt ou l’oreille ? » Pourtant il s’est contredit à nombreuses reprises, affirmant une première fois avoir seulement reconnu l’accent étranger de Florence Cassez, avant de déclarer plus tard avoir également vu son visage. Pourtant d’autres anciens otages du gang ne l’ont pas reconnue, certains ont affirmé avoir entendu sa voix, mais plusieurs ont changé de version au fil des déclarations, alors qu’ils étaient soumis aux pressions des enquêteurs.

Si la joie est à son comble du côté des soutiens de l’ex-détenue, d’autres tempèrent en affirmant que l’annulation des charges pour manque de preuves solides, ne signifie pas pour autant que Florence Cassez est innocente.

 


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