Assassinat de kurdes à Paris : l’impossible paix avec les Turcs

En pleine négociation de paix entre le gouvernement turc et Abdullah Öcallan, chef du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), trois militantes kurdes ont été retrouvées mortes cette nuit au Centre d’information du Kurdistan à Paris. Cette exécution fragilise les pourparlers entre les deux camps.

Parmi les trois femmes assassinées par balles figurait Sakine Cansiz, une personnalité importante qui a fondé avec Abdullah Öcallan le parti qui soutient l’indépendance du Kurdistan depuis 1978.

Pour les manifestants kurdes qui se sont rendus sur les lieux, elle était la cible principale. Ils accusent les services secrets turcs d’être derrière ces crimes. Du côté des enquêteurs, cette piste ne semble pas pertinente, « Je vois mal l’Etat turc monter ce type d’opération en France. La coopération policière et judiciaire est l’un des domaines où Paris et Ankara s’entendent le mieux. Des échanges d’informations ont lieu entre les magistrats antiterroristes de la galerie Saint-Eloi et leurs homologues en Turquie. Dans ces circonstances, il est impensable, voire ridicule, de voir une barbouzerie derrière cette affaire… », a déclaré un policier spécialistes de ces questions.

Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan avait demandé au service de renseignement turc, le MIT,d’entrer en contact avec le leader du parti kurde pour entamer un processus de paix, alors que le conflit fait rage entre le PKK et l’Etat turc depuis 1984.

Un accord aurait été trouvé selon les médias qui ont annoncé mardi que les combattants présents en Turquie se replieraient vers l’Irak à partir du mois de mars et que des prisonniers seraient libérés après l’exil des dirigeants du PKK en Europe. Une réforme serait également prévue pour améliorer la situation des 15 millions de Kurdes qui vivent en Turquie.

La mort des trois femmes n’est donc pas un hasard et le lien avec ces négociations peut sembler solide.

« Cela ressemble à une lutte interne, ce type d’incidents s’est déjà produit dans le passé. Certaines personnes peuvent chercher à faire dérailler le processus en cours, il  faut être extrêmement prudent », a préconisé Hüseyin Celik, le vice-président du Parti de la justice et du développement (AKP), le mouvement d’Erdogan.

À qui profite le crime ? Plusieurs pistes doivent être exploitées avant de trouver le ou les responsables de ces trois meurtres. Il peut s’agir de dissidents kurdes qui s’opposent aux choix d’Abdullah Öcallan, comme de nationalistes turcs de l’extrême droite.

Pour l’instant, la section antiterroriste de Paris va prendre en charge l’enquête et faire l’autopsie des corps. En Turquie, l’attaque du siège parisien du PKK relayée par tous les médias, a provoqué une onde de choc.


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